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La crise, comment la raconter?

La crise, comment la raconter, comment incarner de façon charnelle ces existences qu’elle rudoie, ces destins qu’elle chavire, ces combats et cette énergie qu’elle provoque, ce qu’elle invente aussi? Par un étrange paradoxe, cette crise est partout et nulle part. Elle jaillit dans la rue, elle irrigue les récits journalistiques mais elle n’a pas encore conquis notre imaginaire.

Information

Présentation
Olivier Mongin, Jean-Michel Roux, Henri Stern, Claude Favre, Alice Béja, Georges Prévélakis, Carole Desbarats, Dominique Jubin, Bruno Nahon, Isabelle Danto, Christian Chavagneux, David Lescot, Myriam Marzouki, Christophe Reffait, Pascal Lamy, Ramin Jahanbegloo
La crise, comment la raconter?

Lancée par les primaires socialistes, marquée par l’épisode Strauss-Kahn, exacerbée par les embardées successives de l’hyper-président, surplombée par la crise du capitalisme mondialisé et par les dettes souveraines, la campagne présidentielle ne fut pas seulement pénible et lassante, elle fut âpre, dure et sévère. Mal ressentie, elle fut aussi aveuglante: le désir d’en finir chez beaucoup avec le président sortant a fait publier la droitisation de la société française qui n’échappe pas plus que les autres pays européens au «national-ethnisme». D’où la montée en puissance de Marine Le Pen qui a substitué l’islamophobie à l’antisémitisme de son père pour se faire entendre.

Aveuglante, elle le fut aussi en raison de la surcharge de commentaires politiques qui ont considérablement sous-estimé les raisons de l’ascension de François Hollande: très normal sur ce point, tout comme Nicolas Sarkozy, c’est un passionné de politique depuis son adolescence, un coriace qui a jouté pendant des années avec Jacques Chirac dans ses terres imprenables de Corrèze, un tenace qui a pensé que son heure était arrivée alors qu’il était en pleine traversée du désert et l’objet de dérision au parti socialiste. Loin de son image joviale, cet homme solitaire, qui sait sur qui compter ou non, a su allier le virus politique à la Mitterrand, la raison froide dans le style Jospin et le sens du contrat cher à Jacques Delors.

Loin d’être un sympathique pragmatique aux allures «radsoc», Hollande est un homme de conviction qui a une représentation de son pays et qui sait, ce qu’un Dominique de Villepin ne comprendra jamais, qu’il faut être l’élu d’un territoire. Fils d’un homme partisan de l’Algérie française, électoralement installé à Tulle, il connaît une France troublée par sa mémoire, une France contrastée, dissemblable et inégale. Si la France est à droite globalement (Hollande n’a pas bénéficié de plus d’un tiers des voix effectives), le style de Hollande a «recentré» politiquement un pays qui n’en pouvait plus des foucades de Sarkozy qui aura finalement fait preuve de dignité face à l’échec.

SOMMAIRE
— La France, l’Europe et le monde de François Hollande
— Vert et brun, jusqu’où ira le périurbain?
— Des gares et des corps
— Revaloriser le Parlement
— Les crises en mal de représentations esthétique et politique
— Nomenclature des crises. «Crise, Krach, craque»
— Exhibons les pauvres! Retour sur la Grande Dépression américaine
— Le no man’s land de la culture grecque
— L’enfant abandonné comme métaphore. Le documentaire au secours de la fiction
— La lente mue de la fiction télévisuelle
— Danser au bord du gouffre
— La finance sur les planches