ART | CRITIQUE

La Couleur sur le champ

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

Des couleurs délavées et des tons brisés. Des sujets banals qui se fondent dans la toile et restent emprisonnés dans un temps indéterminé. Kotscha Reist revient à la galerie Eric Dupont avec une nouvelle série de toiles où plane une brume de mélancolie.

L’art de Kotscha Reist est un art de l’évocation, de la nostalgie, où pointe une grande tendresse pour ses sujets mais aussi une mise à distance du réel qui est toujours comme englué dans un temps d’hier, un temps passé.

Si l’artiste travaille à partir de photographies, il ne s’attarde pas sur les détails. S’appuyant sur les formes du banal, il développe une vision brouillée où le réel ne semble pas vraiment là à l’instant où le peintre tente de le saisir.
C’est l’ordinaire qui se livre dans ses tableaux: deux oiseaux sur une branche, un cygne qui flotte sur l’eau, une fine branche d’arbre qui se détache sur un ciel bleu… Il capture des images simples mais en même temps qu’il leur donne corps et forme sur la toile, elles semblent disparaître et s’effacer, comme dans les vieilles photographies aux couleurs délavées par le temps.

A la recherche de l’essentiel, le cadrage se concentre souvent sur un sujet unique où le volume est figuré de manière très sommaire et la profondeur absente. La grande peinture représentant un cygne en est le meilleur témoignage: l’animal est figuré par un très grand aplat blanc qui apparaît, comme une ombre chinoise inversée, sur le fond sombre de l’eau.

L’artiste poursuit un travail de synthèse à la manière des Nabis ou de l’art des estampes japonaises. Mais là où les uns emploient des couleurs claires, tranchantes et lumineuses, Reist se concentre sur un champ coloré atone. Les couleurs sont grises, vertes, brunes, toujours rompues par le blanc.

Deux grands portraits sur fond gris se dégagent de l’ensemble: Missing et H-Mann. Les tons plus soutenus viennent affirmer la présence physique des personnages, mais les visages restent impassibles, le regard perdu.

Expression d’une grande mélancolie, la peinture de Kotscha Reist reste à distance, cultivant mystère et brouillage des formes.

English translation : Margot Ross
Traducciòn española : Santiago Borja

Kotscha Reist
— The Man on his Best, 2005. Technique mixte sur toile.
— Die Mutter, 2005. Technique mixte sur toile. 50 X 40 cm.
— The Swan, 2005. Technique mixte sur toile. 180 X 290 cm.
— Heim, 2005. Technique mixte sur toile. 40 X 50 cm.
— Head of the Group, 2005. Technique mixte sur toile. 40 X 30 cm.
— Sick Birds, 2005. Huile sur toile. 180 X 145 cm.

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