ÉCHOS
09 Déc 2010

La collection Lambert en Avignon: un cadeau empoisonné?

PElisa Fedeli
@

Après la crise des monuments historiques — progressivement transféré aux collectivités territoriales, leur entretien est loin d’être assuré — les centres d’art contemporain pourraient aussi se retrouver en sursis. Après avoir déposé une partie de sa collection à Avignon, le galeriste parisien Yvon Lambert se dit prêt à la retirer: «Franchement, je trouve que la ville ne mérite pas un cadeau pareil».

Les collectivités territoriales doivent actuellement faire face à de nouvelles dépenses, que leur budget ne leur permet pas toujours d’assurer. Le transfert de propriété des monuments historiques de l’Etat aux collectivités territoriales met actuellement en péril la conservation de ceux-ci. Pour la cité du Palais des Papes, cette difficulté s’élargit à un autre exemple: la municipalité est en effet chargée d’accueillir et de mettre en valeur une collection d’art contemporain, en vue de sa donation future à l’Etat. Encore faut-il trouver les moyens de son ambition…

Voilà aujourd’hui dix ans qu’Yvon Lambert a déposé une partie de sa collection personnelle à Avignon. Pas moins de 350 pièces sont exposées à l’Hôtel Caumont, un hôtel particulier du XVIIIe siècle appartenant à la municipalité. Originellement axée sur l’art minimal, l’art conceptuel et le Land Art, la collection n’a jamais cessé de s’ouvrir à la création la plus contemporaine, ce qui en fait aujourd’hui un ensemble précieux et représentatif de l’art des années 1960 à nos jours.

La collection Lambert en Avignon est subventionnée par trois acteurs: la municipalité, la région et l’Etat. Cependant, depuis plusieurs années et en dépit du succès de ses grandes expositions, elle enregistre un déficit important et fait fuser les critiques. Le conseil municipal a décidé d’éponger les dépassements financiers, en sollicitant des subventions exceptionnelles, notamment auprès de l’Etat.

Malgré ces efforts, le donateur se dit déçu et découragé de l’intérêt que porte la ville à l’art contemporain: « A Avignon, l’art contemporain n’a pas sa place. Les services techniques de la ville sont catastrophiques et on doit vraiment refaire en permanence des aménagements pour sauver les apparences», a-t-il affirmé (source AFP). Il menace la ville de lui retirer sa collection et se dit prêt à partir fin 2011, si des garanties ne lui sont pas offertes. Le directeur actuel de la collection, Eric Mézil, a quant à lui proposé sa démission.

«Je crois aux miracles», tel est le titre de l’exposition-anniversaire qui se tient actuellement à l’Hôtel Caumont. Le miracle est donc attendu, pour que cette collection ne soit plus synonyme de cadeau empoisonné mais qu’elle incarne bel et bien un oiseau de bon augure.

AUTRES EVENEMENTS ÉCHOS