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La boîte de Pandore, une autre photographie

25 Mar - 17 Juil 2016
Vernissage le 24 Mar 2016

Qui est mieux placé qu’un photographe pour raconter l’histoire de la photographie ? Le Musée d’Art moderne a confié à l’artiste Jan Dibbets la mission de nous en livrer sa lecture personnelle, depuis son invention jusqu’à nos jours. Lui qui compare la photo à un «médium diabolique et hybride» ouvre là une étonnante «boîte de Pandore».

Si de nombreuses expositions ont déjà traité l’histoire de la photographie, le Musée d’Art Moderne nous étonne avec une exposition réalisée cette fois par un photographe et non des spécialistes. La scénographie et le choix des Å“uvres ont été entièrement confiés à l’artiste néerlandais Jan Dibbets – connu des parisiens pour son Hommage à Arago matérialisant le méridien de Paris par des disques de bronze, réalisé en 1994.

Le travail de Jan Dibberts questionne habituellement la structure de la photographie, les mécanismes de la perception et la notion de point de vue. Pour lui, la force du médium photographique réside dans les possibilités offertes par la technique, plus que dans le contenu et l’objet photographié. En rupture avec une approche conventionnelle des principes de l’exposition, Jan Dibbets, devenu commissaire, entend suivre la ligne qui est la sienne depuis les années 1960. Il s’empare du projet avec une radicale singularité, tant dans le choix des œuvres que dans celui de la scénographie. Tout en respectant un relatif cadre chronologique, Jan Dibberts n’hésite pas à briser les codes museaux, ce qui rend l’exposition d’autant plus dynamique.

«La boîte de pandore» soulève aussi certaines des questions contemporaines, qui reviennent fréquemment dans l’univers de l’art et des médias, notamment la nature de la photo à l’époque du numérique, ou encore les rapports qu’elle entretient avec les arts visuels.
Les scientifiques du XIXe siècle apparaissent ici comme les véritables visionnaires, ouvrant la voie à toute la production du XXe siècle. Ainsi Nicéphore Niépce, l’inventeur de la photo, Etienne-Jules Marey, précurseur du cinéma et Eadweard Muybridge, connu pour ses décompositions photographiques du mouvement, sont exposés à côté de photographes moins connus mais non moins déterminants aux yeux de Jan Dibbets, tels Wilson Bentley, premier photographe de flocons de neige, ou Etienne Léopold Trouvelot. Leurs successeurs directs sont Karl Blossfeldt, Man Ray, Alexandre Rodtchenko, Paul Strand, Berenice Abbott, etc. jusqu’à Bruce Nauman.

Cette «boîte de Pandore» autorise de nombreuses libertés, qui la rendent surprenante: exposer côte à côte deux images similaires, un positif et son négatif ou encore la réplique d’une oeuvre célèbre par un photographe ultérieur. En point d’orgue, est présentée une sélection d’oeuvres d’artistes contemporains (Liz Deschenes, James Welling, Thomas Ruff, Katharina Sieverding, Seth Price, ou Spiros Hadjidjanos, etc.) dont le recours aux technologies digitales oblige à étendre la notion d’«objet photographique».

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