ART | EXPO

Kino Krov

16 Déc - 08 Jan 2006
Vernissage le 15 Déc 2005

Une installation d’objets, de mots, de dessins combinant langage, geste et lieux dans la cristallisation d’une pensée délirante. La retranscription physique du récit d’un autiste relatant son trauma.

Communiqué de presse

Elise Florenty

Kino Krov

Dans l’exposition Kino Krov (en russe : Cinéma Sang) la disposition d’éléments tels que mots, dessins et maquettes combine langage, geste et lieux dans la cristallisation d’une pensée délirante.

Le projet est inspiré de «L’homme dont le monde volait en éclats» d’Alexandre Luria. Neurologue russe, Alexandre Luria convainquit un jour l’un de ses patients, incapable de s’exprimer autrement, de relater son trauma par écrit. Ce dernier entreprit de le faire dans un recueil intitulé Je reprends le combat. À partir de ce récit, le film et l’installation font l’expérience d’un rapport pathologique au monde : tout est perçu en ruine et sous la menace d’irruption de catastrophes terrifiantes.

Entre autisme et monologue intérieur entrecoupé de gestes obsessionnels, un homme, encombré de lettres démesurées, s’affaire à écrire le mot Kino (cinéma). Sa pensée glisse sur des associations de sons ou de jeux de mots : la lettre K lui rappelle un autre mot KROV (sang) et les lettres K-R-O-V mises dans un autre sens lui rappellent le milieu du mot Golov-O-K-Rjenie (étourdissement). Plus tard son récit est accompagné d’hallucinations morbides qui nous font entrevoir de réelles difficultés dans son rapport aux objets domestiques, à l’espace et à son propre corps. Aux prises avec des mécanismes de défense compulsifs, il tente de requalifier ce qui semble avoir, pour lui, perdu toute signification partageable.

Renvoyant à la nature et à l’origine du récit, les images héritées dans le film sont, pour la plupart, dessinées à partir d’images documentaires télévisuelles de conflits militaires en Russie, et plus précisément de camps d’entraînement militaire pour enfants. Les mécanismes d’apprentissage montrés font écho, entre autres, aux efforts de réapprentissage du narrateur.

Certains éléments du film – mot, visage, personnage et extraits de décors – sont reproduits à plus grande échelle dans l’espace de projection. Absence de profondeur, jeux de surfaces, illusions de perspective, les éléments en question semblent réitérer l’instabilité inhérente au récit et à sa représentation dans le film : ils sont à même de glisser, de s’éloigner ou de se fondre les uns dans les autres. Détachables et autonomes, déplacés et déplaçables, ces objets évoquent le moment où une pensée prend forme, flotte un instant, se fixe dans une quelconque réalité ou, au contraire, vient à s’évanouir.

Une exposition d’Elise Florenty (née en 1978, artiste, vit et travaille à Paris) avec la participation, pour le son, de Marcel Türkowsky (né en 1977, artiste sonore, vit et travaille à Berlin) et pour la voix, d’Aleksiy Stypan (né en 1978, comédien, vit et travaille à Paris).

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