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Karo Sieben

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

Pour sa première exposition personnelle à Paris, ville dans laquelle elle vient de s’installer, l’artiste allemande Ulla van Brandenburg présente, au moyen d’une installation et d’un film, une réflexion sur l’illusion dans l’art.

Jouer sur l’illusion de l’œuvre d’art n’est pas une démarche nouvelle pour un artiste. Auteur de dessins, de peintures murales, de performances, de vidéos et d’installations, Ulla von Brandenburg réactive cependant avec conviction les questions posées par les peintres de la Renaissance sur la reconnaissance d’un espace concret et sur la perspective, mais aussi sur la sensation du vivant dans l’image.

Les deux œuvres présentées dans la galerie Art:Concept, une installation et une vidéo, abordent le thème de l’illusion à travers celui du spectacle. Dans l’installation Karo Sieben (Sept de carreau), Ulla von Brandenburg associe un quadrilatère de tissu à carreaux disposé sur un socle et occupant presque toute la salle, à deux cannes et une ficelle enroulée. Ces éléments, la canne dissimulant des accessoires et la ficelle au nœud coulant, sont issus de l’univers de la magie. Comme dans la peinture de la Renaissance, le quadrilatère quadrillé donne l’illusion de la perspective et son plan semble être oblique, alors qu’il est parfaitement horizontal. La ficelle nouée représente elle aussi la mesure d’un problème géométrique et spatial qui ne serait déchiffrable que par l’artiste-illusionniste.

Dans le film muet Schlüssel (Clef), l’image défile au son du projecteur super8. L’artiste s’inspire des «tableaux vivants» des photographies du XIXe siècle, où des bourgeois prenaient la pose pour recomposer le monde de leurs fantasmes, aux antipodes de leur vie réelle. Ici, c’est au contraire un univers bien réel que l’artiste montre : chacun des individus filmés est figé dans une pose artificielle, mais le rapport à la réalité est inversé. L’artiste donne l’illusion non pas, comme dans les tableaux vivants, d’une scène prise sur le vif dans un continuum naturel, mais montre une réalité, par essence mouvante, dans laquelle le temps a été faussement interrompu.

Le travail d’Ulla von Brandenburg explore le thème de l’illusion du temps et de l’espace dans l’art, et ainsi aborde de manière directe la transmission de la sensation de vie, par l’art, au spectateur.

Ulla von Brandenburg
— Karo Sieben , 2007. Techniques mixtes. Dimensions variables.
— Schlüssel (Clef), 2007. Film super 16, noir et blanc. Sans son. 2 min 30 sec en boucle.

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