ART | EXPO

Kaolin

11 Juin - 18 Juil 2015
Vernissage le 11 Juin 2015

Défiant l'espace blanc de la galerie, cette exposition est portée par une réflexion sur l'économie de moyens et les conditions de production d'une œuvre. En référence au kaolin, chacune des pièces ici réunies, de couleur blanche et/ou de facture brute, interroge ses propres limites en accord ou désaccord avec l'espace d'exposition.

Pauline Bazignan, Robert Breer, Noël Dolla, Fernanda Gomes, Harald Klingelhöller, Pierre Labat, Engel Leonardo, Jarbas Lopes, Charles-Henri Monvert, Camila Oliveira Fairclough, Peter Robinson, Sérgio Sister, Bernard Villers
Kaolin

Défiant l’espace blanc de la galerie, cette exposition est portée par une réflexion sur l’économie de moyens et les conditions de production d’une Å“uvre. En référence à la matière minérale et organique nommée kaolin, argile blanche et friable, à la base de la fabrication de la porcelaine, également utilisée dans l’industrie du papier, la médecine et la cosmétique, cette exposition établit des correspondances, affinités et rapprochements entre des artistes de nationalités et de générations différentes, tant historiques qu’émergents.

De couleur blanche et/ou de facture brute, chacune des pièces ici réunies interroge ses propres limites en accord ou désaccord avec l’espace d’exposition. Conçue en dialogue avec Marianne Derrien, commissaire d’exposition indépendante et critique d’art, cette exposition interroge le pouvoir d’une blancheur revendiquée et assumée pour faire Å“uvre. Aussi, le blanc s’associe dans la culture occidentale à de nombreux concepts positifs notamment liés au domaine du sacré. Symboliquement, il s’oppose autant à la souillure, quelle qu’en soit la nature, matérielle ou morale, qu’au noir et aux autres couleurs. Blanc sur blanc, trop ou presque blanc, les nuances se révèlent. Abîmer le blanc…

Synthèses de multiples références, artistiques et historiques, ces œuvres rejouent une certaine «pureté» de la surface moderniste. Convoquant l’organisation énergétique du matériau, Kasimir Malévitch appelait «stade blanc» le dernier stade, celui de la totale non-objectivité, atteint par le suprématisme pictural (après le stade noir et le stade coloré). La «pensée blanche» de Kasimir Malévitch aboutit au Rien, à l’absolu philosophique.

Le matériau kaolin fut utilisé par l’artiste Piero Manzoni pour sa série intitulée les Achromes, peintures-sculptures, uniformément blanches, dont la particularité est d’être trempées dans une solution de plâtre et de colle et dont les formes sont données par le plissé et la texture de la toile.
Point de bascule entre le visible et l’invisible, le vestige d’une action et la mémoire d’un objet sont convoqués dans l’Å“uvre de Fernanda Gomes. Façonnées en céramique, cet art du feu permettant toutes les mutations de la terre, les Å“uvres au sol de Pauline Bazignan sont une série sans fin d’écorces évidées dont la chair cachée est ici révélée.

Float, qui désigne un flotteur, une balise ou une bouée, est une sculpture flottante de Robert Breer invoquant l’errance d’une forme blanche, à la fois primaire et industrielle. Objet en tressage blanc fabriqué avec divers matériaux de récupération, l’artiste brésilien Jarbas Lopes propose avec une Å“uvre sensuelle, brute et mystérieuse, un résidu d’expérience, tant intérieure que révélatrice d’une réalité politique et sociale.

Abstraite avec un minimum de moyens visibles, la toile de Charles-Henri Monvert est une peinture faite d’épaisseurs, d’enfouissements et de superpositions. Prédominance de la construction du tableau devenu espace saturé de motifs blancs à la fois circulaires et linéaires. Aveugles, silencieuses, mutiques, obsessionnelles?

Interrogeant la structure et le langage, les sculptures d’Harald Klingelhöller matérialisent dans l’espace des mots et des phrases issus d’articles de presse, de poèmes, de traités de médecine ou de textes juridiques. Ainsi de Treppen die ins Wasser führen, une sculpture murale en plâtre, dont les tiroirs évoquent le nombre et la longueur des mots qui composent le titre de la pièce.

Urnes mortuaires ou boîtes de pandore, les sculptures verbales d’Harald Klingelhöller hésitent à nous dévoiler leur mystère. Charnelle, graphique et symbolique, l’Å“uvre en peau de bête aux éclats argentés de Camila Oliveira Fairclough est un assemblage «atypique» d’une matière brute animale et de lettrages. Sous toutes ses coutures, cette Å“uvre est un marquage au sol mais également celui de la peau et du rythme. Typographiques et signalétiques, joueuses et rigoureuses, ces explorations de formes induisent une observation radicale et profonde des modes de production. L’Å“uvre en feutre de l’artiste néo-zélandais Peter Robinson porte une réflexion sur des problématiques ethniques. Aussi, Sérgio Sister invoque les potentialités de la couleur blanche entre peinture et sculpture.

Quant à lui, Noël Dolla persiste et signe en expérimentant une nouvelle fois un de ses matériaux de prédilection, la tarlatane. Ce matériau utilisé en médecine pour les plâtres ou confection de chapeau, lui permet de construire de nouvelles combinaisons de formes. La peinture se structure en plis ou par superpositions, instabilités et flottements incessants de la forme et de la matière.

Datant de 2008 et réactivée pour l’exposition, Dum Dum est une Å“uvre in situ qui relève d’un langage de formes réduit, «minimaliste». Pierre Labat élabore ses sculptures à partir d’une recherche pointue sur la composition géométrique, au travers de laquelle la charge symbolique et la dimension expressive de la forme prédominent. L’intensité des formes et l’organisation énergétique du matériau définissent un rapport entre des forces statiques et dynamiques. Constructions puissantes et sobres, elles instaurent une démarche cognitive: la relation à elle-même et la relation au lieu, mise en forme de l’espace par des oppositions, limites et contres-limites.

Telles des accroches colorées et fragmentées au sein de ce territoire blanc de la galerie, l’Å“uvre en forme de grille d’Engel Leonardo, jeune artiste basé en République Dominicaine ainsi que la feuille de papier colorée, posée dans un angle, de l’artiste belge Bernard Villers convoquent des formes liées au décoratif et à l’édition. Au travers de ces motifs répétés de la grille et de la pliure d’une feuille colorée, ces Å“uvres révèlent la blancheur de leur support.
Transformation chimique et physique à la prédominance de la matière brute, de multiples fragments de l’histoire de la peinture abstraite et de la sculpture sont ici reconsidérés. Primauté à la matière blanche et à son histoire des formes, la toile/châssis, le plâtre, la tarlatane, la céramique, la feuille de papier, la peau sont interrogés tels le champ des possibles pour une expérimentation radicale de la forme blanche.

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