ART | INTERVIEW

Kader Attia

Kader Attia expose depuis deux ou trois ans dans de grandes biennales. En 2005, il a concouru pour le prix Marcel Duchamp, et il fait partie des artistes émergents présentés au Palais de Tokyo dans l’exposition «Notre histoire». Sur un mur, il a conçu une installation formée de signes graphiques qui, lorsque l’on s’approche, se révèlent être des matraques de police.

Samantha Longhi. Kader, on a commencé à te connaître à la grande époque du Café Chéri. Comment as-tu commencé à t’intéresser à l’art contemporain et à la photo? Quel est ton parcours?

Kader Attia. J’ai toujours fait de la photo et de la vidéo parallèlement au Café Chéri et même bien avant. Très vite, j’ai commencé à créer des installations. La première a été réalisée pour la Biennale de Venise en 2003. Ensuite, j’ai placé des installations à Bâle. A Bâle Miami, j’ai recréé un atelier clandestin, à Bâle Suisse, c’était un cirque avec un derviche tourneur et des break danseurs. Puis à la dernière Biennale de Lyon, j’ai reconstitué une cour de récréation avec des enfants fabriqués en céréales que les pigeons venaient picorer. Et aujourd’hui, la pièce que je présente ici est une arabesque qui décrit une calligraphie arabe avec des matraques de police. Quand on est à une dizaine de mètres, on ne voit que des signes graphiques et l’idée c’est qu’il y ait deux niveaux de lectures qui amènent le spectateur à s’approcher et rentrer dans l’œuvre.

Comment es-tu passé d’une pratique photographique, où tu observais les milieux underground, aux installations?
Kader Attia. Cela a commencé à la Biennale de Venise. Parfois on se demande pourquoi on fait certaines choses. Je ne sais plus comment j’ai été amené à faire de l’installation. Ce qui est sûr, c’est qu’à un moment donné, j’ai eu besoin de sortir de l’image. Aujourd’hui, notamment, je dessine beaucoup, je fais beaucoup de petits dessins mais aussi, à l’inverse, de très grands formats.
Je travaille vraiment avec mon corps, avec cette énergie qu’on a tous au fond des tripes et qui, à un moment donné, ne peut passer autrement que par l’art, par la violence, ou par le sexe.
Le dessin, par exemple, et par extension l’art, est pour l’artiste une psychothérapie, et je pense que pour le spectateur aussi. C’est retrouver ces problématiques personnelles enfouies dans mon subconscient dans une œuvre. Pourquoi cette œuvre va-t-elle parler à certaines personnes et pas à d’autres? Pourquoi un artiste va-t-il travailler dans un sens et pas dans un autre?

Justement où trouves-tu tes sources d’inspiration?
Kader Attia. Soit elles remontent toutes seules, et j’aurais du mal à les décrire; soit elles sont en rapport avec mes fantasmes. Je fais des dessins très érotiques et, au contraire, des dessins plutôt psychanalytiques, comme Louise Bourgeois, où je vais amplifier des éléments qui sont phobiques. On n’est plus du tout dans le fantasme. Si je voulais lister les différents thèmes que j’exploite: il y a la mort qui me préoccupe, il y a la sexualité, il y a l’enfance car à 35 ans j’aimerais bien avoir des enfants, donc je fouille beaucoup dans mon enfance.

Et as-tu l’intention de montrer tes dessins? Est-ce qu’on peut s’attendre à une prochaine exposition chez Kamel Mennour?
Kader Attia. Peut-être mais pas tout de suite. C’est assez intime et c’est donc quelque chose que je garde un peu secret. Je ne me sens pas encore mûr. Cela fait trois ans que j’y travaille, je pense que dans un an ou deux, il y aura une expo.

Et quels sont tes projets suite au Palais de Tokyo?
Kader Attia. J’ai une exposition à Stockholm très bientôt.

English translation : Rose Marie Barrientos
Traducciòn española : Maité Diaz Gonzales

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