Cette page a été un peu chahutées en passant de l’ancien au nouveau site, les corrections sont en cours.  
Non classé

Just like a woman

30 Mai - 16 Juil 2008
Vernissage le 30 Mai 2008

Treize portraits de femmes en grand format, flottant à la surface de draps fleuris comme autant de corps qui s’éveillent tout juste. Pris entre extase et souffrance, ils portent encore les stigmates - impressions cutanées des dentelles et joues rouges - de la "petite mort". 

Communiqué de presse
Bettina Rheims
Just like a woman

À l’orée du sommeil, quand l’esprit, au lieu d’éteindre ou de se laisser vivre, flotte sur le drap dans une moiteur foetale, les verticales épousent parfois l’horizon pour engendrer des pulsions plus fortes que le désir. La conjonction s’opère loin des yeux, dans un entre-deux où l’on se guide à tâtons, en automate ; et c’est alors comme un rêve qui s’évade de la nuit. Des pensées émergent de ce no man’s land, cette jungle innocente et touffue sur quoi nous n’avons pas autorité mais où nous revenons sans cesse, avec la même soif de surprise, le même étonnement émerveillé.

Les pensées les plus belles, les plus déraisonnables, les plus créatives. Elles croissent dans ces régions autonomes, souvent rebelles, où s’érige le secret ; et elles ne nous appartiennent en vérité qu’à demi : les tensions, le relâchement, le grand écart qu’elles supposent nous obligent, pour paraphraser Lao Tseu, à ouvrir la porte en tenant le rôle passif. Certaines se reprennent aussitôt et retournent aux songes ; d’autres, heureusement, nous faisons notre profit. Mais qui remercier ? À qui s’adresse-t-on lorsqu’on se parle à soi-même ? — Qui s’exprime ? — Qui répond ? Avec ses papiers peints à fleurs, Chambre close introduisait la fiction dans la photographie : comme une glace sans tain, un au-delà du cadre.

La nouvelle série de Bettina Rheims s’y apparente, ne serait-ce que par les entrelacs de ses fonds ; mais, cette fois, c’est la naissance de la fiction, l’idée à sa source, dans ses balbutiements, qui est mise à nu, ses origines flottantes, la grâce de son envol et, telles des marques de forceps, les stigmates de sa délivrance, les signes de sa passion.

Allongées sur des draps imprimés de couleur, les femmes de cette nouvelle série nous rappellent les modèles de Chambre Close qui posaient sur des fonds tous différents de papiers peints colorés ; de la même manière, ici chaque drap correspond à une femme. Photographiant pour la première fois ses modèles vues de dessus et les plaçant ainsi lors de la prise de vue dans un rapport de proximité et d’intimité encore plus étroite avec elle, Bettina Rheims semble saisir ces femmes au réveil le matin ou dans un moment entre-deux, celui d’une « beautiful agony », entre extase et souffrance…

Seule l’expression de leur regard peut nous guider pour comprendre leurs sentiments intimes dans cet instant fugace. Ces femmes posent nues ou en lingerie, leurs joues sont rouges du trouble qui les habite et leurs peaux colorées portent des empreintes apparentes, telles celles de leurs sousvêtements… A la différence des Héroïnes1, leurs yeux ne sont pas hagards et les marques sur leur corps ne sont pas les témoins des meurtrissures ou des stigmates de la vie. Au contraire, une fois mises debout, dans ces tirages grand format, elles expriment tout à coup un jaillissement, comme des gisants qu’on relève, un jaillissement lié ici au désir…

Comme le montre l’exposition Bettina Rheims – « Can you find happiness » qui se tient actuellement au c/o Berlin, les portraits de femmes constituent le coeur de l’oeuvre de l’artiste. Cette nouvelle série s’y inscrit très logiquement, avec un nouveau regard sur ce qu’est la femme dans notre société contemporaine. Just like a woman est un instantané sur ces moments furtifs d’extase ou d’absolu que la femme d’aujourd’hui peut vivre ouvertement. Après le succès de sa grande rétrospective muséale européenne, de Helsinki en février 2004 à Lyon en juillet-août 2006, cette nouvelle série haute en couleurs nous montre une fois de plus la qualité des portraits de Bettina Rheims et leur aptitude à révéler les sentiments humains les plus profonds par un regard toujours à fleur de peau.

critique

Just like a woman

AUTRES EVENEMENTS Non classé