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Julia Fullerton-Batten

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

La Fondation HSBC pour la photographie présente à la galerie Baudoin Lebon les deux lauréats de son prix annuel. La photographe allemande Julia Fullerton-Batten expose une sélection d’œuvres troublantes, misant sur l’ambiguïté de l’image photographique.

Poursuivant depuis une douzaine d’années son ambition de mécène de la photographie, la Fondation HSBC pour la photographie, sur l’avis de son conseiller artistique Alain Sayag, a désigné deux lauréats, Julia Fullerton-Batten et Matthew Pillsbury, parmi les treize candidats présélectionnés selon un critère précis: «travailler sur des représentations du réel, sans exclusive de mode de traitement ou d’approche». En prime, la photographe française Cynthia Cappe a reçu une distinction spécifique, la «Découverte du conseiller artistique».

Selon Alain Sayag, Julia Fullerton-Batten «provoque le spectateur par une narrativité esquissée, mais non développée». La série Teenage Stories (2005) présentée ici met en effet en déroute toute tentative d’interprétation nette de la réalité. Combinant effets d’échelle et perfection technique, les images de Julia Fullerton-Batten perturbent la perception. Dans la plupart des œuvres, des jeunes filles au visage impassible peuplent un paysage trop petit pour elles, à la manière d’une Alice au pays des Merveilles, à la fois innocente et objet de peurs et de fantasmes.

Une image telle que Reflection in Water, où une moderne naïade cherche dans l’eau son reflet, à proximité d’une église du gothique germanique miniaturisée et d’un bouquetin naturalisé, relève d’un hermétisme symboliste. Dans P&O, Pond (Mare) ou Book, des jeunes filles, les pieds dans l’eau, surgissent comme des déesses surréelles dans un paysage animiste. Dans Bike Accident, la différence d’échelle entre la jeune fille accidentée, contorsionnée dans une pose non naturaliste, et la route minuscule, crée un sentiment perturbateur, car excluant toute normalité.

Le thème de l’adolescence, se situant entre deux âges et entre deux réalités, est exploré comme mode, parallèle à celui de l’ambiguïté de l’image photographique, elle-même entre réel et «révélation». Plusieurs fois associé au motif de la fenêtre, à la fois miroir, écran transparent ou cadre, au sens pictural, le thème de l’adolescence devient alors aussi celui de l’incommunicabilité : Julia Fullerton-Batten affirme dans ses images l’impossible représentation réaliste des choses et de la vérité psychologique, malgré tous les artifices précieux de la photographie.

L’exposition itinérante de Julia Fullerton-Batten a précédemment été présentée à PhotoEspaña, à Madrid, en juin et juillet 2007. Elle sera ensuite présentée à la Phillips de Bury Gallery, à New York, du 10 au 19 octobre 2007, puis à la galerie Le Réverbère, à Lyon, du 4 décembre 2007 au 2 février 2008.

A cette occasion, une monographie présentant le travail de Julia Fullerton-Batten est publiée aux éditions Actes Sud, avec le soutien de la Fondation HSBC.

Lire également L’article sur l’exposition de Matthew Pillsbury à la galerie Baudoin Lebon.

Julia Fullerton-Batten
— Pond. Photographie. 137 x 101 cm.
— Bicycle accident. Photographie. 137 x 101 cm.
— Birdcage. Photographie. 137 x 101 cm.
— Blindfold. Photographie. 40 x 50 cm.

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