ART | CRITIQUE

Judit Kurtag

PVincent Gonzalvez
@12 Jan 2008

Comme un paysage mental, le travail sensible et poétique de Judit Kurtag se développe entre visuel et sonore, étirement du temp et l’évolution progressive des images. Pour saisir ce qui compose une identité, par delà le temps qui passe.

Au moyen de la vidéo, de la photographie et de la musique, Judit Kurtag nous fait réfléchir sur la mémoire, l’identité et le temps. Un travail poétique qui, au moyen de la surimpression, de l’effacement et du rythme fait naître du sens au cœur des images fixes ou en mouvement.

L’exposition nous plonge dans un univers sonore provenant des vidéos. La musique nous enveloppe, elle est au centre de la pratique de Judit Kurtag qui, fille et petite fille de compositeurs, a co-signé avec son père, György Kurtag Jr, deux vidéos, Une grammaire du temps et Meet me (t)here.

Le son et l’image. D’abord la photographie, des tirages en noir et blanc retravaillés sur lesquels sont inscrites des phrases. La vidéo ensuite, qui développe une réflexion sur l’identité et le temps. Dans Polyglotte grâce à Babel, c’est de sa double identité, française et hongroise, que l’artiste traite. Un visage, comme au ralenti, apparaît. Des phrases, les pensées d’une fillette réfugiée dans un pays qu’elle ne connaît pas, apparaissent en surimpression sur ce visage. Le son accompagne l’image, double lui aussi, entre tradition et modernité. Avec Une grammaire du temps, c’est le visage de la grand-mère, au ralenti lui aussi, qui se modifie peu à peu avec des surimpressions, comme des dessins rajoutés sur ce visage familier et aimé. Évocation de la mémoire et de ses différentes strates au moyen de la lenteur, d’un rapport particulier au temps et d’un travail de l’image fait de changements progressifs et de rajouts.

Le temps se dilate selon une autre temporalité dans la vidéo Sans titre (2004) qui a été présentée à l’exposition « Ralentir vite » au Plateau. Les images travaillées changent peu à peu, s’étirent dans le temps. Une attraction s’exerce sur le spectateur qui est appelé à s’arrêter, à rester toute la durée la vidéo, à contempler. Car c’est peut-être cela que propose avant tout les œuvres de Judit Kurtag : la contemplation. Dans Meet me (t)here, on est invité à mettre un casque pour écouter la musique qui, là, n’est pas diffusée dans l’espace. Elle est rapide, syncopée, comme les images où une femme court, les bras en avant, vers quelqu’un ou quelque chose qu’elle est prête à enlacer. Comme une tentative d’apprivoiser le temps, comme une course. Dans la rapidité ou la lenteur, Judit Kurtag établit un rythme.

Judit Kurtag :
— Quasi una fantasia, 2005. Série de 6 photos impression digitale. 23,5 x 31,5 cm.
— Sans titre, 2005. Série de 2 photos, impression digitale. 23,5 x 31,5 cm.
— Une grammaire du temps, 2004. Vidéo sur DVD. 4’30.
— Polyglotte grâce à Babel, 2002. Vidéo sur DVD. 3’30.
— Meet me (t)here, 2004. Vidéo sur DVD. 4’30.
— Sans titre, 2004. Vidéo sur DVD. 11’.

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