PHOTO | CRITIQUE

Joseph Bartscherer – Stephen Wilks

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

Quand l’artiste déambule, veut saisir l’expérience du temps, Bratscherer opte pour la synthèse, l’expression de la métamorphose dans la continuité. Stephen Wilks, lui, s’immerge dans l’expérience du social et recrée du lien social autour d’une histoire commune.

Photographe en quête des transformations dans le paysage, Bratscherer a entrepris depuis 1999 un travail de capture d’un site préservé au nord-est des Etats-Unis: une vaste forêt où les hommes pénètrent rarement. Les photographies d’un même site sont déclinées en fonction de la lumière et des saisons. Dans l’infime changement qui métamorphose le paysage, elles témoignent d’un état des choses altéré dans la continuité d’une forme qui perdure.

Présentées en grands panneaux de 9, 15 ou 18 éléments, les photographies façonnent une sorte de kaléidoscope de la forêt, l’œil s’arrête sur un tronc, une chute d’eau, un rocher, un étang, une branche… pour englober dans un projet de synthèse toutes les facettes de ce cadre naturel. Si les prises de vues sont étalées sur six années, il est difficile au premier abord de saisir une quelconque chronologie. C’est après un temps d’observation que l’on distingue un même lieu et sa réplique d’un autre temps, d’une autre saison.

Déambulation, transformation et expérience du cycle sont au cœur de ce projet. Là où la photographie vient fixer l’image une fois pour toutes, seule la mise en correspondance liée au principe de la série nous parle du temps, de la durée et de la métamorphose. Mais aussi dans le globalité de la somme de ses parties, elle nous donne accès à la diversité qui caractérise un lieu.

Dans un tout autre univers de sens, le projet «Travelling Donkeys» de Stephen Wilks nous immerge dans un monde où l’humour et la dérision sont les nouvelles armes de l’artiste pour construire du lien social. L’âne blanc, que l’on voit exposé ici, est une grande peluche à taille réelle qui a voyagé au Japon d’une famille d’accueil à une autre et partagé leur vie quotidienne. Il dispose d’une grande poche ventrale dans laquelle textes, dessins et photographies ont été déposés en souvenir de ces moments partagés. L’exposition de tous ces témoignages est le lieu de communion de ces histoires personnelles. Et l’âne prend la forme de l’artiste qui recrée du sens commun et des figures mythiques dans lesquelles chacun peut se projeter.

Pour voir ou apporter des contributions au projet, l’artiste a mis en place un site Internet : www.trojandonkey.net

English translation : Rose Marie Barrientos
Traducciòn española : Maïté Diaz Gonzales

Joseph Bartscherer
— Forest, 1999-2006. C-print. 57 photographies. Dimensions variables. 73 x 92 cm chaque.
— Untitled, série «Forest», 2004. C-print. 73 x 92 cm.
— Untitled, série «Forest», 2003. C-print. 73 x 92 cm.
— Untitled, série «Forest», 2001. C-print. 73 x 92 cm.

Stephen Wilks
— Sans titre (Alone), 2006. Mine de plomb sur papier. 30 x 42 cm.
— Mosaïque, 2005. Impression numérique sur papier photo. 180 x 119,5 cm.
— Travelling Donkeys, 2006. Installation.
— www.trojandonkey.net, 2005-2006. Site web.

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