DANSE | SPECTACLE

Carmen(s)

01 Fév - 23 Fév 2018

Avec Carmen(s), le chorégraphe José Montalvo s'approprie la figure opératique et littéraire de Carmen, pour la transporter dans le domaine de la danse contemporaine. Emblème de libération et de métissages, de joie solaire et sensuelle, José Montalvo démultiplie Carmen au fil d'une pièce vibrante, plurielle et actuelle.

Carmen : le fantasme, la flamboyance. Figure sulfureuse du XIXe siècle français, image de l’indomptable bohème, Carmen continue son chemin à travers les âges. En témoigne la nouvelle pièce du chorégraphe José Montalvo, Carmen(s). Un spectacle de danse contemporaine pour seize interprètes (danseurs, musiciens). Sur scène, s’entremêlent les mélodies de l’opéra de Georges Bizet aux envoûtantes nappes sonores de Saeid Shanbehzadeh. Ce génie du neyanban, la cornemuse iranienne. Pièce syncrétique et généreuse, José Montalvo pousse les bords de l’imaginaire pour faire naître une multitude de Carmen(s). Féminine, sensuelle, libre, Carmen incarne la révolte émancipée et bouillonnante pour les uns, le fantasme désuet pour les autres, la punition liée à toute révolte, ou encore le métissage par le désir. Personnage globalisé connu du monde entier : rien n’épuise la figure dansante de Carmen.

Carmen(s) de José Montalvo : réinventer Carmen, par la danse contemporaine

Georges Bizet n’a jamais mis les pieds en Espagne, tandis que José Montalvo est fils de réfugiés républicains espagnols. Georges Bizet s’est inspiré des communautés espagnoles en exil à Paris pour composer son opéra tiré de l’ouvrage de Prosper Mérimée. Et Carmen s’incarne en une bohémienne, une tzigane sévillane. Les recherches actuelles s’accordent pour faire venir les Rroms du Rajasthan, à la frontière indo-pakistanaise. Tirer sur un fil de cette histoire, c’est faire venir tout un écheveau de résonances. Avec Carmen(s), José Montalvo s’approprie ainsi une figure mouvante et toujours controversée, pour en faire un spectacle de danse contemporaine en écho avec le présent. Loin de la pureté culturelle, loin de la servitude volontaire, la pièce de José Montalvo joue sur l’humour, les attendus, et les décalages. Avec une danse chatoyante, où se devinent tantôt des accents de hip-hop, tantôt des lueurs de voltige et de cirque contemporain.

Figure sensuelle et libre : Carmen comme emblème d’une perpétuelle échappée

Réinventer Carmen c’est plonger dans l’enfance. Renouer avec l’enthousiasme entrainant de ces spectacles solaires qui enflamment les cœurs. La Carmen de Georges Bizet avait ainsi réussi à conquérir Friedrich Nietzsche, face au folklore nordique d’un Richard Wagner. Les Carmen(s) de José Montalvo sont là, elles aussi, pour rappeler la puissance des métissages face au rétrécissement du monde. « J’aime le personnage mythique de Carmen, parce qu’elle représente la révolte en chantant et en dansant. » Cette simplicité affirmée par José Montalvo ne signifie pas pour autant une littéralité mièvre. Ses Carmen(s) s’échappent ainsi du fâcheux carcan essentialiste pour mieux se démultiplier. Et tandis que 2018 marque l’anniversaire de plusieurs sulfureuses révoltes populaires (1848, 1918, 1968), la Carmen de Prosper Mérimée (1845) continue de sillonner à travers le temps. Et les Carmen(s) de José Montalvo irradient de cette maturité acquise au fil des réinterprétations. Pour un pièce chorégraphique solaire, à l’énergie communicative.

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