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Jocelyne Alloucherie

17 Mar - 07 Mai 2012
Vernissage le 17 Mar 2012

La photographe, sculpteur et artiste conceptuelle Jocelyne Alloucherie met en question le rapport entre le lieu d’exposition et l’observateur à travers la disposition d’éléments sculpturaux et d’images photographiques. Son œuvre invite à une expérience esthétique ancrée à des formes dépouillées, suggestives, tendant vers l’abstraction, façonnées par une approche minimaliste qui cherche à libérer l’œuvre de tout rapport anecdotique au réel.

Jocelyne Alloucherie
Jocelyne Alloucherie

Séduite, autant par la qualité remarquable de son architecture que par sa situation face à la mer ou sa longue histoire tissée entre l’art et le paysage environnant, Jocelyne Alloucherie a conçu un projet spécifique pour le Musée d’art moderne André Malraux du Havre. Depuis de nombreuses années, Jocelyne Alloucherie travaille sur une notion particulière de paysage.
Elle ne l’aborde pas comme sujet en soi avec son habituelle charge de codes culturels, mais plutôt comme un reflet de notre rapport au monde, qui ouvre sur des relations fort diverses autant au sein des œuvres que dans leur ancrage social et architectural. Ainsi, elle a été amenée à développer des configurations complexes qui proposent divers niveaux de sens et d’exploration, où images et objets se côtoient dans un parcours imaginaire mais bien incarnés dans l’espace qui les reçoit.

Depuis 2007, elle a réalisé un corpus assez étendu, regroupé sous le titre général de Climats. Il offre des séquences d’images qui sont des métaphores de vents, de bourrasques et de rafales tumultueuses. Elles transmettent la force d’un souffle fictif mais tout aussi réel. Elles portent également les traces dynamiques du geste du peintre, nous faisant osciller entre l’échelle d’un immense espace ouvert et celle plus intime du corps en action.
Elle utilise le terme générique d’ «images» ne sachant plus comment nommer ces œuvres qui participent à la fois de la photographie, du dessin tout autant que de la peinture, mais qui sont finalement enregistrées en scannographie et imprimées numériquement. Cette désignation convient d’ailleurs à ces concrétions qui, malgré diverses étapes d’exécution comportant chacune une rigueur technique différente, relèvent davantage de la fiction et de l’imaginaire et se présentent au regard en toute légèreté.

Proposition pour l’espace de la nef, face à la mer

En hiver, la lumière solaire entre dans la salle en diagonale. Elle y forme une grille lumineuse et fine qui rythme le sol. Les ombres légères évoquent une sorte de nappe lumineuse et aquatique bien qu’en apparence immobile, car, inscrit dans le temps de la rotation terrestre, son mouvement échappe à notre perception immédiate.
C’est avec cette vision en tête que Jocelyne Alloucherie a choisi d’intervenir dans ce large espace du Musée enserré entre les œuvres de la collection et le paysage véritable, baigné d’une lumière puissante mais toujours adoucie par la diffusion de la proximité des eaux. Elle a imaginé une tempête de sable fictive qui aurait aussi des allures de tempête marine, une succession d’images recadrées dans l’espace par une suite horizontale de volumes sculpturaux verticaux ou horizontaux.
N’étant ni socles ni cadres, ceux-ci toutefois évoquent plutôt un brise-lame mythique ou un péristyle contemporain où le point de vue unique autant qu’univoque est mis en échec. En assumant la fonction d’une frontière entre un espace mental et un espace concret, entre un instant de contemplation et sa succession fragmentée et obligée, ces éléments deviennent des structures d’accueil et de distance.

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