ART | EXPO

Jeremy Deller

19 Oct - 24 Nov 2012
Vernissage le 18 Oct 2012

Jeremy Deller nous entraîne dans une plongée en apnée à travers l’Histoire, nous amenant à réfléchir sur la place que nous occupons dans la société actuelle. Son travail revêt des apparences pop, gaies ou cyniques. La force de ses œuvres est de poser la question de la sacralité et de l’intouchabilité des codes sociaux et des emblèmes de pouvoir.

Jeremy Deller

«Mon cher Ami, l’Histoire n’y est pour rien. Elle ne possède pas d’immense fortune, elle ne mène pas de batailles; c’est l’Homme, l’Homme lui seul qui fait cela, qui possède et se bat. L’Histoire n’est pas une personne à part entière, utilisant l’Homme comme un moyen de mener à bien ses propres desseins, l’Histoire n’est rien d’autre que les actions faites par l’Homme afin d’atteindre son but».
Karl Marx et Friedrich Engels, La Sainte Famille ou la Critique de la critique contre Bruno Bauer et consorts, (1845), chap VI, version numérique, Jean-Marie Tremblay, p.100.

Au travers d’œuvres comme A Time Before Shopping, une peinture murale représentant un trilithe de Stonehenge, ou les photographies de ces jeunes gymnastes réalisant des pirouettes sur le temple mégalithique devenu structure gonflable, il ne s’agit pas tant de commettre un Sacrilege (tel est le nom de cette pièce surprenante), que de réunir deux cultures séparées de plusieurs siècles en les faisant s’affronter par le jeu.

Ce Stonehenge gonflable mais aussi le diaporama Beyond The White Walls présenté à l’occasion de cette exposition à la galerie, et dans lequel Jeremy Deller relate plusieurs projets hors-les-murs réalisés notamment pendant les dix premières années de sa carrière, ou encore Memory Bucket, documentaire sur les us et coutumes texanes qui lui valut le Turner Prize en 2004; tous revêtent un caractère humoristique et critique et mettent en relation différentes communautés dans différents contextes.

La grande force de ces œuvres est qu’elles posent directement la question de la sacralité et de l’intouchabilité des espaces, des codes sociaux et des emblèmes de pouvoir et à fortiori des pouvoirs politiques, économiques et religieux. Qu’il s’agisse de fouler le sol sacré de Stonehenge en sautant dessus ou de mettre en exergue la culture populaire en évoquant les fans de musique ou le peuple britannique réuni à Buckingham le jour de l’annonce de la mort de la Princesse Diana, il s’agit avant tout de donner naissance à un pouvoir créatif de masse.

Et plutôt que de craindre ou subir les pouvoirs en place, il en résulte une confrontation entre Histoire, culture et patrimoine. Le travail de Jeremy Deller est à expérimenter par tous et pour tous, il nous invite à créer une œuvre participative où chacun à un rôle à jouer. Ses œuvres, trans-historiques et partisanes de la libre expression comme vecteur de valeurs et de sens, initient un dialogue entre les cultures, les gens, le passé, le présent et ce que pourrait être le future.

Dans une société qui prétend ouvrir l’accès à la culture et n’a de cesse de prodiguer un modèle à suivre, sur ce qui est culturellement et intellectuellement acceptable et ce qui ne l’est pas, Jeremy Deller s’en détache et joue avec ces stéréotypes sociétaux en s’intéressant aux sous-cultures, au folklore, aux hommes. L’être humain dans ce qu’il a de plus profond, du clown marginal se perdant dans une exposition universelle en passant par le mineur en grève réagissant contre le tatchérisme ou encore les fans vivant leur vie par procuration, Jeremy Deller collecte les objets et les images puis les assimile pour nous. Il en découle un panorama identitaire, une vision communautaire ou individuelle qui nous recentre finalement sur nous-mêmes.

Cet artiste non conventionnel qui commença par exposer dans la propre maison de ses parents en 1993 et qui représentera le Royaume-Uni lors de la prochaine Biennale de Venise, n’a de cesse de fouiller, d’excaver et de nous plonger dans un univers fascinant et finalement inconnu: le nôtre.

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