INTERVIEWS

Jean-Luc Soret

Créateur et directeur artistique de @rt Outsiders, Jean-Luc Soret présente la VIe édition du festival d’art numérique dédié cette année au Brésil qui a ouvert le 28 septembre, à la Maison européenne de la photographie.

Par Samantha Longhi

Le festival @rt Outsiders a été créé en 2000 sous votre initiative ainsi que celle de Henry Chapier, Président de la Maison européenne de la photographie. Comment cela a-t-il démarré pour vous? Comment en êtes-vous venu à l’art numérique?
L’art numérique m’accompagne depuis très longtemps, depuis que je suis étudiant. J’avais commencé par une formation d’audiovisuel après le bac, et je lorgnais beaucoup à l’époque du côté d’Imagina. Comme je n’avais pas le budget pour y aller, puisque c’était à Monaco, j’ai fait en sorte de surveiller les initiatives qu’il y avait à Paris : la Seita faisait des projections, il y avait l’Œil du Cyclone sur Canal+. C’étaient les seules fenêtres existantes et elles concernaient les images de synthèse. Moi, c’était les arts technologiques qui m’intéressaient. Je suis arrivé dans ces endroits avec des scénarii en images de synthèse que je voulais réaliser mais je n’ai pas eu le talent pour les porter à terme. C’est toujours resté en filigrane, puis il y a eu la rencontre avec Henry Chapier — je travaillais avec lui quand je faisais mes études. En 1998, il m’a confié, à la MEP, la coordination générale du Mois de la Photo au Liban. C’était un festival dans différentes villes du Liban et qui s’est très bien passé. Fort du succès qu’on a eu, j’avais vraiment envie de monter une version bêta de ce que je voulais monter à Paris, c’est-à-dire un festival d’art numérique. La version bêta s’est donc passée à Beyrouth en 1999. Ça s’appelait TechniArt. Je me suis donc fait la main sur ce petit événement avant de commencer la première édition de @rt Outsiders en 2000 à la Maison européenne de la photo.

En fait, ce qui peut paraître surprenant, et qui serait intéressant de comprendre, c’est le lien qui peut exister entre un festival d’art numérique et un espace dédié à la photo.
Bien sûr. Cependant, la MEP est consacrée à l’image contemporaine : de la photo contemporaine de la fin des années 60 jusqu’à nos jours avec tout ce qu’offrent les nouvelles technologies comme hybridations possibles. Avant que le festival ne naisse, Jean-Luc Monterosso avait déjà montré des travaux comme ceux de Catherine Ikam, Lawick et Müller, Thomas Ruff, artistes qui travaillaient déjà avec l’outil numérique. Donc il y a une continuité qui, petit à petit évidemment, s’est élargie. C’est pourquoi la première édition du festival qui a eu lieu en 2000 était l’image numérique.
Comme à l’époque il ne se passait pas grand-chose à Paris concernant les arts numériques, c’était une façon de commencer à fédérer une partie de la scène numérique, qui l’avait été un peu mais de façon très ponctuelle par le passé.

Et justement, au niveau de la scène de l’art numérique à Paris, vous devez avoir des liens avec le Cube, Art 3000, etc. Est-ce que vous créez des choses ensemble?
Bien sûr, pour le Cube, Florent Aziosmanoff m’avait invité à faire partie du comité scientifique de la deuxième édition du festival Premier Contact avec Annick Bureaud et Carol-Ann Braun.
Pour la IIe édition de Villette Numérique, une co-production avec le festival Émergences avait permis de montrer des installations et des performances de Marcel-Li Antunez Roca qui présentait par ailleurs Tantal à la Mep, une installation interactive originale que le festival @rt Outsiders a produite.
Je suis ouvert à toute forme de collaboration, la seule chose que je regrette est qu’il ne se passe pas des choses chaque mois concernant l’art numérique à Paris. La rentrée va connaître une concentration de manifestations d’art numérique. Ce serait bien que, dans les années à venir, tout cela soit un peu plus étalé dans le temps pour permettre à un large public d’avoir un contact quotidien, beaucoup plus fécond, avec ces formes d’expressions émergentes.

S’agissant de la VIe édition de @rt Outsiders, c’est la première fois que la programmation du festival coï;ncide avec les saisons culturelles de l’AFAA alors que les précédentes éditions portaient sur des thématiques serrées. Pourquoi ce choix ?
Parce que, pour moi, le Brésil représente aussi une thématique serrée, car la scène brésilienne en art des nouveaux médias est absolument incroyable et quasiment inconnue en Europe. Mis à part quelques figures de proue comme Eduardo Kac, qui ont fait le tour de la planète.

Est-ce à cause d’une sorte d’occidentalocentrisme que l’on a tendance à considérer le Brésil avec une certaine condescendance.
Mon souhait est en quelque sorte de réparer une injustice en inscrivant l’action du festival dans la durée grâce à un catalogue bilingue placé sous la direction d’Annick Bureaud, qui balaie une large période allant de l’art concret et néo-concret à Internet. Cela sera non seulement un catalogue d’exposition mais aussi un panorama historique de toute la scène numérique.

Le Brésil doit faire face à de grandes difficultés économiques, et l’outil numérique nécessite des frais de production importants? Comment dans ces conditions une scène artistique forte peut-elle prospérer?
Comme toujours, les contraintes fortes stimulent l’imagination. Pour contourner ce problème beaucoup d’artistes collaborent avec des universités ou des sociétés qui développent des technologies innovantes. Les unes apportent des matériels, les autres des services, etc.

Selon vous, existe-t-il un véritable particularisme brésilien?
Oui, il y a une approche vraiment singulière qui se situe entre réel et virtuel. Pour eux, il y a interpénétration du réel dans le virtuel et inversement. Diana Domingues me racontait qu’un père de famille qui venait d’acheter sa première télévision avait demandé à sa femme de rajouter un couvert pour partager le repas avec la personne qui parlait à l’écran!
Cette particularité culturelle trouve notamment ses origines dans les rituels shamaniques par lesquels les Indiens Kuikurus du Mato Grosso, par exemple, rentrent en communion avec la nature et le cosmos. Les artistes brésiliens ont un certain penchant pour les mondes intermédiaires…

Selon vous, l’art numérique peut faire rêver…
Oui. C’est pour cela que j’aime beaucoup la Maison européenne de la photographie, où les actions en direction du public ou des artistes reposent sur une sorte de parti pris de l’intime. Il peut y avoir appropriation d’une œuvre, et les petits espaces de la MEP s’y prêtent bien. La confrontation des œuvres technologiques avec les vieilles pierres de cette Maison crée une intimité propice à la rêverie. Par ailleurs, l’interactivité et le principe d’immersion créent des conditions favorables à l’appropriation.

Et que pensez-vous de la place de l’art numérique au sein de l’art contemporain, notamment du point de vue de la capacité à faire rêver?
L’art numérique est en train d’infuser doucement mais sûrement dans l’art contemporain. Je me souviens des premières conférences de presse qu’on avait faites avec Henry.
Avec Edmond Couchot, on essayait de dire qu’il ne fallait éviter que l’art numérique connaisse le même purgatoire qu’avaient subi l’art cinétique, l’art vidéo, que l’on ne devait pas attendre cinquante ans pour s’apercevoir qu’il existait des artistes de premier plan et des œuvres magnifiques, et qu’il était urgent de produire un discours critique, et de se détacher cet l’exotisme technologique.
Pour en quelque sorte casser la glace, j’avais mis en place de nombreuses performances d’artistes qui se déroulaient devant le public. Le but était de permettre au grand public, et à nombre de journalistes, de comprendre que l’art numérique n’avait pas grand-chose à voir avec la prouesse technologique.
En raison de la porosité des frontières disciplinaires, l’art technologique étend ses ramifications dans l’art contemporain. Certaines œuvres d’un artiste contemporain comme Xavier Veilhan font appel au numérique ou à des dispositifs technologiques. Il est cependant dommage qu’on ne dispose pas à Paris d’un lieu consacré à ces nouvelles formes d’expression comme le V2 à Rotterdam, l’Ars Electronica Center de Linz, le ZKM de Karlsruhe, l’Eyebeam de New York, la SAT à Montréal… Il est grand temps qu’à Paris on ait un lieu permanent pour pouvoir exposer de l’art numérique.

Et vous êtes associé d’une manière ou d’une autre à la Gaîté ?
Non, j’ai proposé un dossier avec des personnes dont j’estime le travail mais ce dossier n’a pas fait partie des finalistes. Aujourd’hui, on attend un peu de voir ce qui va se passer. Pour l’instant, je n’ai aucune information.

Et l’année prochaine, @rt Outsiders reviendra à une thématique? Oui, la thématique portera sur l’électro-magnétisme, avec pour titre Electromagnetic Bodies. Cette édition fera l’objet d’une association avec deux curatrices étrangères : la Canadienne Louise Provencher et la Hongroise Nina Czegledy. L’exposition a déjà commencé au Canada, elle ira ensuite au V2 et au ZKM avant de finir à Paris.

A propos des œuvres de l’exposition :
Créature immersive d’Otavio Donasci
Otavio Donasci est un coup de cœur comme a pu l’être Marcel-Li Antunez Roca. Cette créature immersive sera donc une performeuse — s’il fait beau, ce sera sur le trottoir devant la MEP — coiffée d’un casque assez long, oblong. Le public va être amené à mettre sa tête dans la 2ème entrée de ce casque, qui comporte deux écouteurs et un écran plasma qui renvoie non pas le visage de la performeuse mais un visage de synthèse. La performeuse va en quelque sorte diriger la personne pour le faire voyager physiquement et virtuellement dans l’univers qu’elle va l’inviter à traverser. Il y aura un déplacement physique de l’artiste et à ce déplacement physique et à cette gestuelle, vont être associées des sensations réelles qui correspondront à l’univers virtuel traversé. Si la personne arrive sous une cascade, elle pourra toucher l’eau avec sa main. C’est un travail qui entremêle encore une fois le réel et le virtuel.

Les Excitables, dispositif de Servulo Esmeraldo
C’est un tableau sur roulements à billes que le public pourra tourner. C’est une sorte de tableau dispositif — typique des machines électrostatiques qui ont une place vraiment à part dans l’histoire de l’art cinétique au Brésil. Servulo Esmeraldo est un artiste incontournable dans l’art cinétique. Une fois que l’on a frotté le dispositif, on peut le tourner et en faisant quelques pas en arrière. Ca peut dessiner une sorte de voie lactée. C’est du bois, ce sont des confettis, des petits bouts de papier. Il a fait aussi beaucoup d’Excitables dans les avions parce qu’il faut ce que soit un milieu sec pour que l’électricité statique puisse se développer sur toute la surface. L’idée est que lorsqu’on frotte ces objets, cela crée de l’électricité statique qui fait que les confettis vont être soit attirés vers la surface soit repoussés. Ces frottements font des effets cinétiques visuels qui sont à part dans l’histoire de l’art cinétique. Dans l’art cinétique comme le souligne André Parente, soit vous avez des oeuvres qui reposent sur un déplacement du spectateur (mouvement optique), soit qui sont animées d’un mouvement mécanique comme les dispositifs de Palatnik, soit vous obtenez un mouvement grâce à l’interactivité avec le spectateur comme pour les œuvres d’Esmeraldo. Pour reprendre là encore les remarques d’André Parente, les Excitables sont une production qui se situe au carrefour entre l’art cinétique et l’art numérique en quelque sorte, parce que cette énergie impalpable qui fait fonctionner l’œuvre, énergie que l’on produit par frottement, nous renvoie à la notion de flux électrique sur lequel repose toutes les technologies de télécommunications. C’est pour ça que je voulais faire ce petit clin d’œil Low Tech. Servulo Esmeraldo a créé son premier Excitable en 1967. Et il a même fait des espèces de petits carnets pour que chacun puisse fabriquer son propre excitable portable. Par exemple, il a pris ces petites boites thermoformées qu’on avait dans les avions il y a pas mal de temps, il les a vidé, il a mis des confettis ou des éléments mobiles légers dedans et il les a recouvert pour en faire un petit excitable portable.
Il y aura deux dispositifs dans l’exposition. Le second est très beau, avec un fond argenté ; il n’est pas fait avec des confettis mais avec des petits bouts de bois qui sont maintenus avec un clou et une sorte de petite attache qui les rendent mobiles. Quand on les frotte, ils se dressent ou vont être obliques. On a donc à la fois des effets visuels et sensoriels parce que ça produit du son, ensuite ça continue encore à bouger après l’interaction de chacune des personnes.
Ces œuvres là étaient dans un dépôt, je les ai faites refaire toutes les deux parce qu’elles avaient besoin d’être restaurées. Il y a des centaines d’œuvres qui attendent d’être montrées. J’ai vraiment envie après le festival de partir à la recherche de collaborations pour faire en sorte de trouver le budget pour faire une rétrospective de ce travail.

Reflexion #3 de Raquel Kogan
Reflexion #3 est un coup de cœur, c’est une œuvre formelle vraiment très belle, une métaphore visuelle sur l’entrelacement du réel et du virtuel. Le dispositif est un dispositif immersif et interactif dans lequel on se trouve alors face à des chiffres qui défilent sur un mur ainsi que sur les silhouettes des visiteurs ; un clavier qui nous permettra d’intervenir sur le défilement des chiffres. L’œuvre s’appelle Réflexion parce qu’au niveau du mur de projection, à la base, se trouvera un miroir d’eau qui reflétera ce mur de chiffre — ce qui illustre là encore la culture de «l’entre-deux» qui infuse la pratique artistique de nombreux artistes au Brésil.

INSN(H)AK(R)ES – Terrarium de Diana Domingues
INSN(H)AK(R)ES est une oeuvre qui sera accessible depuis le site internet d’@rt Outsiders. C’est une œuvre de téléprésence qui consiste à se téléporter dans une université brésilienne où se trouve un vivarium avec de vrais serpents ; à l’intérieur de ce vivarium se trouve une sorte de serpent robotique avec une tête en webcam qu’on peut piloter à distance pour se fondre dans le milieu.
Par ailleurs, Diana Domingues – comme je l’ai dit précédemment – s’est inspirée des rituels chamaniques de communautés indiennes du Mato Grosso (Brésil). Comme les Indiens d’Amérique, ces communautés ont des rituels consistant à se mettre en relation avec les éléments naturels par le biais de transes, de façon à habiter l’esprit de la nature, à communiquer avec les animaux, etc.
Ce sont ces rituels, auxquelles elle a été initiée, qui ont inspiré Terrarium. Ce sera là encore une installation assez immersive dans laquelle il y aura un monticule de sable blanc sur lequel seront projetés des serpents. On aura la possibilité de les voir en 3D avec des lunettes stéréoscopiques et encore une fois d’interagir avec ce territoire intermédiaire, ce monde virtuel peuplé par une communauté artificielle de serpents. J’aime beaucoup le discours de Diana Domingues là-dessus ; on n’est plus dans le rituel chamanique, on serait presque dans le cadre d’un rituel chamanique cybernétique. On va dans cet entre-deux entre virtuel et réel, dans cette logique de communier avec les éléments, puisqu’on va être invité à créer et à contrôler la vie de ces serpents. Ces serpents auront cependant une autonomie de comportement qui crée toute l’ambiguï;té entre l’impulsion que donne le public et la réponse en partie indéterminée qui suivra. On peut avoir une action sur eux avec différentes interfaces, on peut les contrôler depuis le site internet, mais on peut également les contrôler avec des interfaces mobiles, qui seront des Palm pilots, en baissant leur température par exemple, ce qui aura une influence sur leur vélocité, etc. Et quand je vous disais que j’aime beaucoup cette approche, c’est qu’elle se sert des interfaces technologiques comme les chamanes peuvent se servir des masques, des costumes pour ritualiser le passage dans cet entre-deux entre le réel et ce virtuel poétique.

On ne peut pas dire pour autant qu’il y a un art des nouveaux médias brésilien mais il y a une approche qui est très intéressante à ce niveau-là. Je n’avais jamais vu ce genre d’approche — l’approche chamanique par exemple — de façon aussi aboutie. Il y a eu d’autres performances, d’autres installations qui traitaient des états de conscience altérés mais ces installations qui mêlent la téléprésence et la vie artificielle ce cette façon-là m’ont tout particulièrement séduit.

Quando d’Eduardo Kac
Cette œuvre n’a jamais été exposée à Paris, c’est un holopoème, une sorte d’hologramme numérique, un cylindre monolithique qui mixte plusieurs techniques holographiques, une technique classique et une technique numérique qui fait que l’espace virtuel va presque avoir 720 degrés. On peut ainsi jouer sur les mots, en brésilien, qui signifient lumière, lentement, ment, la lentille. Les mots peuvent plus ou moins s’intervertir, on passe face à un mot, à quelque chose d’identifiable, qu’on arrive à lire, et on passe, au fur et à mesure de la rotation à quelque chose de plus ou moins plastique, qui va perdre son intelligibilité. Et de la même façon, on peut soit suivre, marcher en bougeant avec le mot, soit rester statique devant cette phrase qui va tourner, donc lire les mots dans différents sens et recomposer à l’infini.

Videobrasil de Solange Farkas
Il s’agît d’un programme de vidéos réalisé par Solange Farkas, présidente de Videobrasil, qui est une structure consacrée à la création actuelle au Brésil, qui est vraiment incontournable. Je voulais lui offrir une carte blanche pour mettre en avant quelques petites dizaines d’œuvres vidéo qui sont à la fois des oeuvres vidéo classiques et des oeuvres qui mixent la vidéo avec l’outil numérique.

One, none, and a hundred thousand de Katia Maciel
C’est un dispositif interactif qui joue sur le langage amoureux. Il y a une interface, un petit écran avec différents visages qui par le traitement graphique sont peu différenciés. Ce sont des visages qui sont quasi banalisés — donc on va pouvoir apparier certains de ces visages dans des combinaisons diverses femme-homme, homme-homme, femme-femme, etc. A partir du moment où on aura choisi ces deux visages, un discours amoureux est généré par l’ordinateur, dialogue de deux visages en champs contre-champs, qui va se mettre en place sur le grand écran. Ce discours amoureux repose sur des clichés, des phrases qu’on peut se dire en couple, des interrogations, des affirmations. Cela est basé sur une œuvre de Pirandello, One, none, and a hundred thousand, qui renvoie notamment à une remise en cause minutieusement orchestrée de toute notion d’identité.
L’idée est ici de choisir les couples, puis de laisser faire le hasard, de telle sorte à ce que ces petits bouts de mots et phrases creuses fassent sens. Par son intervention, le public peut bousculer cette construction aléatoire. Là encore, on ne maîtrise pas complètement le processus.

Figures dans le paysage d’André Parente
Réalisée en 2005, Figures dans le paysage est une œuvre interactive hybride à mi-chemin entre la photographie, le cinéma et les nouveaux medias. Le spectateur, à l’aide d’une souris — qui peut être placée dans le haut ou dans le bas de l’image — peut faire un zoom infini en avant ou un en arrière. On expérimente alors la dimension intermédiaire, virtuelle, entre champ et contre-champ.
Ce travail explore en le dramatisant, comme une sorte de mantra numérique, la façon dont les couples amoureux (en l’occurrence l’artiste et sa femme) se reflètent les uns dans les autres.

De quoi avez-vous faim? de Réjane Spitz
Je ne voulais pas faire d’édition sur le Brésil sans qu’un regard soit porté au niveau écologique ou au niveau économique et social. J’ai choisi cette oeuvre qui traite du problème de la fracture sociale au Brésil ainsi que de de la faim. Ce dispositif dans sa conception originale est une cafétéria dans laquelle on se balade avec son plateau. On est invité à choisir son menu devant une borne. Quand on choisit son menu, on va déclencher une séquence où une personne va être interviewée – Réjane Spitz a interviewé des dizaines de personnes à l’heure du déjeuner – et au fur et à mesure que cette personne parle, elle n’aura pas forcément les signes extérieurs de pauvreté ou de richesse, on va voir dans ce qui est projeté sur le plateau le contenu de son repas au moment de l’interview et qui va être mis en regard avec ce à quoi la renvoie la question : «de quoi avez-vous faim ?». Ca peut être évidemment pour certains une question au premier degré, à laquelle ils ne répondront que par un aspect complètement matériel qui consiste à se nourrir, et en l’occurrence, pour certains d’entre eux, à avoir trouvé leur repas de midi dans une poubelle ou dans les restes d’une boite de Mac Do ; et pour d’autres, ça pourra être perçu de manière beaucoup plus métaphorique. De quoi avez-vous faim ? What are you hungy for ? confronte tous ces discours à la fin desquels on est invité à prendre une sorte de ticket qui va nous mettre face à notre pouvoir d’agir, à notre niveau,grace notamment à une série d’adresses en hypertexte qui vont nous proposer de faire quelque chose de concret, au niveau individuel, pour tenter de nous proposer une alternative à la passivité.

Site du festival @rt Outsiders
:// Brasil Digital — Festival @rt Outsiders (rubrique «numérique»)

AUTRES EVENEMENTS INTERVIEWS