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Jean-Luc Moulène. Entretiens

Trois entretiens avec Jean-Luc Moulène, menés au fur et à mesure de l’élaboration de son exposition au Jeu de Paume, entre septembre 2004 et janvier 2005. Trois moments qui sont autant d’instantanés sur la pratique artistique du photographe, ses préoccupations et sur sa compréhension de l’art en général.

— Auteur : Régis Durand
— Éditeur : Jeu de Paume, Paris
— Collection : Document
— Année : 2005
— Format : 21 x 28 cm
— Illustrations : nombreuses, en noir et blanc
— Pages : 40
— Langue : français
— ISBN : 2-915704-02-3
— Prix : 8 €

Lire l’article sur l’exposition de l’artiste au Jeu de Paume (14 mars – 22 mai 2005)

Présentation

Dans les années 1980, Jean-Luc Moulène réalise ses premières « Disjonctions », série conçue comme un échantillonnage des catégories d’usage en photographie (natures mortes, portraits, vues d’architecture, de rues…) : des images que le monde ne cesse de produire et qu’il cultive tour à tour pour en saisir la variété, en cerner le contenu et en désigner la force d’apparition. En embrassant les conventions de chaque genre, Moulène explore un réalisme de type documentaire élargi aux signes et aux produits de la société postindustrielle.

Situant sa pratique entre Beaux-Arts, texte et médias, il considère la photographie comme un objet d’étude des phénomènes naturels et culturels, tels qu’ils ont été redéfinis par le développement de l’industrie, du commerce et de la communication. Ses images visent la concision pour condenser et produire un effet d’énigme libérant un faisceau de sens dont l’investigation revient au spectateur. Cette forme de réduction, ou d’amaigrissement, renvoie les images de Jean-Luc Moulène plus du côté de l’icône que de la représentation classique avec sa dimension illusionniste.

Ses photographies sont rarement le fruit du hasard, encore que Moulène s’inscrive toujours dans la filiation de la Straight Photography (photographie prélevée directement dans la rue), mais sont le plus souvent composées en fonction d’une idée préexistante, en extérieur ou dans l’espace de l’atelier. De par leur caractère ambigu, ses images ne reposent sur aucun code de lecture stable ou standardisé. Elles résistent à une « consommation » passive et appellent de ce fait à une forme d’acuité du regard.
Ainsi, en contrepoint du modèle de presse mondialement diffusé qu’est le magazine féminin, Moulène expose un monde d’images peuplées de filles, de cosmétiques, de publicités et d’accessoires. Sans qu’il ne soit question de plagier le format magazine, il s’agit plutôt d’en dévoyer les codes et les typologies pour déplacer la question des corps — du corps sexué, du corps social et politique —, dans le champ plus large des représentations. Renvoyer par exemple la question de la représentation de la femme, à la représentation publique de la femme publique, et la replacer au centre d’une cosmogonie d’images en tension.

(Texte publié avec l’aimable autorisation du Jeu de Paume)

L’artiste
Jean-Luc Moulène est né en 1955 à Reims, France. Il vit et travaille à Paris.

L’auteur
Régis Durand est directeur de Jeu de Paume.