DANSE | SPECTACLE

My Ladies Rock

05 Fév - 05 Fév 2019

Pièce chorégraphique ne refusant ni désir ni plaisir, My Ladies Rock de Jean-Claude Gallotta s'enroule autour des voix mythiques du rock au féminin. De Janis Joplin à Nina Hagen en passant par Laurie Anderson : le rock est une affaire de femmes. Pour une danse qui libère et réjouit.

Trois ans après My Rock (2015), le chorégraphe Jean-Claude Gallotta (Groupe Émile Dubois) replonge dans le rock’n’roll. Mais au féminin cette fois. Livrant ainsi un nouvel opus pour onze danseurs (hommes et femmes), exclusivement portés par des voix de femmes. Pour My Ladies Rock (2018), Jean-Claude Gallotta puise la puissance chorégraphique dans la chaleur suave des voix de rockeuses. Janis Joplin, Nico, Nina Hagen, Tina Turner, Laurie Anderson, Patti Smith, Betty Davis, Joan Baez, Lizzy Mercier Descloux… Un savoureux panel de textures vocales, rauques et rocks, pour une pièce sensuelle et énergique. Contagieuse d’enthousiasme, My Ladies Rock transpire la liberté. Offrant ainsi un spectacle en forme de déclaration d’amour à ces femmes s’étant emparées des micros et scènes, pour électriser les foules. Et mêlant rock et danse contemporaine, Jean-Claude Gallotta renouvelle le pacte d’une jonction entre musique pop et danse érudite.

My Ladies Rock de Jean-Claude Gallotta : quand les femmes électrisent les foules

À la fin des années 1970, tandis que le rock’n’roll embrase encore et toujours les États-Unis, Jean-Claude Gallotta est à New York, sous d’autres influences. Celles des chorégraphes de la Post-Modern Dance, notamment. Merce Cunningham, Lucinda Childs, Trisha Brown, Steve Paxton… Les deux mondes sont loin d’être imperméables : ne serait-ce que via Nico, Andy Warhol et Lucinda Childs. Et de cette euphorie interdisciplinaire, Jean-Claude Gallotta ramène sur la scène française un sens des passerelles entre les genres. Un élan qui se retrouve aujourd’hui encore dans My Ladies Rock, où les corps s’affirment et exultent dans leur sensualité affichée. Paillettes, jupes courtes et virevoltantes, voiles transparents laissant tout deviner des poitrines des danseuses… Danseurs habillés en femmes ou arborant veste et sous-vêtements… Bouches teintées de rouge vif… Oui, les attributs de la sur-sexualisation des corps sont bien présents. Et oui, leur captivante beauté est assumée.

Une chorégraphie puissante et sensuelle : le pouvoir se conjugue aussi au féminin

« J’ai rencontré les femmes du rock, je les ai trouvées provocantes, affranchies et déchaînées. Je les ai trouvées combattantes, malpolies et réjouissantes. Je les ai trouvées affreuse, saoules et attachantes… » Avec My Ladies Rock, Jean-Claude Gallotta réalise un portrait chorégraphique de ces femmes aux énergies dévorantes. De ces musiciennes indéniablement femmes, avec leur masculinité aussi rocailleuse qu’audacieuse. Et dans un contexte actuel où les genres se cherchent, sous forme de question infiniment sérieuse, My Ladies Rock cultive insolence et légèreté. Oui, la danse est aussi une affaire de désir, de sexualité. Oui, la sexualité est aussi une affaire de pouvoir. Avec My Ladies Rock, Jean-Claude Gallotta restitue quelque chose du climat fiévreux du rock’n’roll. Une sauvagerie très civilisée et codifiée, avec le désir comme monnaie d’échange. Et conjuguant danse contemporaine, salsa, duos de rock… La pièce crée un paysage d’exultation. Pour une ivresse à savourer sans modération.

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