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Je meurs trop

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

La langue de Robert Filliou est faite de poésie, de liberté et de fragilité. Pensée intuitive, son art fait de bric et de broc se joue des évidences et des repères trditionnels de l’art.

Gérant le fonds Filliou depuis près de dix ans, la galerie Nelson a demandé à Jean-Hubert Martin de proposer une sélection d’œuvres de l’artiste. En résulte une exposition synthèse de ce qui fait la spécificité de son art des années 60 à 80. L’accrochage débute par une série d’œuvres liées à une réflexion philosophique sur la vie, l’infini, le zéro, le temps. Puis c’est son travail sur les mots et les signes qui prend place dans la salle du fond. A l’étage, on retrouve les œuvres reposant sur la notion de partage et d’amitié.

Homme d’écriture et de signes, Robert Filliou a suivi un parcours toujours en marge des circuits du marché de l’art. Autodidacte, économiste de formation, il déjoue les repères traditionnels de l’art et privilégie la relation aux autres, créant bien souvent des œuvres collectives avec des matériaux pauvres comme le carton ou le papier.

Au fur et à mesure de la déambulation, un sentiment de jubilation nous saisit. Filliou joue avec le réel, il manipule les objets et le langage pour construire des œuvres aux messages simples et universels, comme ses Longs Poèmes à terminer chez soi. Il fait jeu de tout: un formulaire de télégramme, une boîte de carton, une empreinte de main, une roue de bicyclette… et invente un monde fait de bric et de broc.

Art is what makes life more interesting than art, Je meurs trop, Å’uvre multiple à exemplaire unique, … Pensée intuitive, son art repose sur des raisonnements en même temps implacables et absurdes, sérieux et drôles tout à la fois. Filliou déstabilise pour mieux nous parler, nous interpeller et créer un échange entre l’œuvre et son public.

L’art de Robert Filliou, c’est aussi toute une époque, une génération qui à la fin des années 60 souffle un esprit de liberté sur les valeurs bourgeoises. Ici, on est en plein dedans, surtout dans les œuvres à l’étage où l’artiste rassemble des souvenirs d’un voyage au Canada qui reflètent l’époque «peace and love». Mais c’est aussi la valeur collective qui émerge ici, avec un déni patent de l’artiste érigé en figure élitiste héritière des siècles passés et créant dans sa tour d’ivoire.

Traducciòn española : Santiago Borja

Robert Filliou :
— Je meurs trop, 1977. Brique et papier. 22 x 11 x 3 cm.
— Le Jeu de vi(d)e, 1983. Lithographie sur carte. 56 x 42 cm.
— Main d’artiste (Robert Filliou), 1967. Photographie sur bois. 122 x 122 cm.
— Boîte optimiste No. 2, 1968. Boîte en bois avec papiers collés, photographie et laiton. 2,7 x 9 x 12 cm.

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