ART | CRITIQUE

Jardin interior

PStéphane Lecomte
@12 Jan 2008

Le corps est au centre du «Jardin Interior» de l’artiste espagnol Javier Pérez. Agissant comme un véritable biologiste, il greffes et opère des croisements, hybridant le végétal et l’animal pour produire des œuvres oniriques, fragiles et violentes, belles et répulsives.

Avec «Jardin Interior» on pénètre dans l’univers poétique de Javier Pérez, qui a représenté l’Espagne à la Biennale de Venise en 2001. Il greffe du crin de cheval à un tronc d’arbre pour en faire une sculpture d’un noir sombre et mat, suspendue par d’épaisses cordes au plafond de la galerie. Agissant comme un véritable biologiste, il fait des greffes, des croisements, des mutations. Ses hybridations de corps d’apparence fragiles sont inquiétantes. Le noir dialogue avec le rouge lumineux et transparent.

Pour Javier Pérez, les branches d’arbres sont des bronches aux couleurs sanguines. Le rouge est sa couleur favorite, qu’il qualifie de «couleur-sève». Sa cosmogonie est en pleine évolution, ses pièces en totale hybridation, en véritable mutation. Comme dans La Métamorphose de Kafka, où un homme se transforme en insecte, le végétal et l’animal s’entremêlent pour produire des œuvres hybrides et oniriques, fragiles et violentes, belles et répulsives.

Javier Pérez, qui s’intéresse à l’apparence du corps, à sa surface, et qui le traite comme une enveloppe, fabrique également des prothèses. L’une d’elles, destinée à la colonne vertébrale, attire le regard et émerveille, mais sa transparence et son aspect gélatineux fait frémir. Le corps est un matériau utilisé pour expérimenter les nouvelles prothèses. Une autre se place dans la bouche pour aider à respirer, tandis qu’une autre encore semble faire étouffer l’homme-cobaye.

Au moyen de multiples matériaux, Javier Pérez tente d’établir un dialogue entre la Nature et l’Homme en modifiant les corps auxquels il greffe des éléments du règne animal ou végétal. Les pièces obtenues en mêlant les trois règnes de la nature sont d’une beauté repoussante exprimant le vivant dans sa perpétuelle évolution, sa constante métamorphose.

Javier Pérez :
— Mutaciones VII, 2005. Résine de polyester teintée en rouge. 121 x 450 x 190 cm.
— Híbrido I, 2006. Résine de polyester, poudre de charbon, queues et crins de cheval, cordes de chanvre. 260 x 390 x 170 cm.
— Linea de horizonte, 2006. Résine de polyester, poudre de marbre. 60 pièces entre 6 et 13 cm.
— Sans titre (Paisaje) I, 2006. Aquarelle sur papier. 61 x 47 cm.
— Sans titre (Paisaje) II, 2006. Aquarelle sur papier. 61 x 47 cm.
— Sans titre (Paisaje) III, 2006. Aquarelle sur papier. 61 x 47 cm.
— Sans titre (Paisaje) IV, 2006. Aquarelle sur papier. 61 x 47 cm.
— Sans titre (Paisaje) V, 2006. Aquarelle sur papier. 61 x 47 cm.
— Paisaje interior II et III, 2006. Photographie couleur. 267 x 100 cm.
— Narcissus, 2006. Acier inoxydable, verre laminé, résine de polyester, queues de cheval blanc teintées en rouge. 97 x 220 x 90 cm.

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