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Janine Gordon / Zineb Sedira

22 Sep - 22 Sep 2006

Janine Gordon présente une nouvelle série d’œuvres sur le monde de la moto, de l’AV8 et des cascades d’Enduro qui fascine les banlieues américaines. Née en France de parents émigrés algériens, Zineb Sedira nourrit son œuvre de ses identités algérienne, française et britannique. La vidéo et la photographie fixent ses recherches sur l’identité, la culture, la mémoire ou le langage.

Janine Gordon, Zineb Sedira
Vernissage

– Janine Gordon est une artiste à part. Dans les années 90, elle a exploré, à travers des expériences limites, différentes subcultures telles que le rap, le graffiti ou la musique punk rock. Elle puise son inspiration dans le sexe, la drogue et la musique. Dans sa pratique artistique, elle aime travailler différents médias comme la photographie, la peinture ou la musique, en explorant les frontières sociales, politiques et créatives.

Cette nouvelle série d’œuvres est une enquête dans le monde à haut risque et plein de sensations fortes, qu’est celui de la moto, de l’AV8 et des cascades d’Enduro. Ce monde suscite une fascination récente mais répandue dans la culture des banlieues américaines. Il a également été incorporé à la culture hip-hop urbaine, par exemple dans les clips musicaux des artistes tels que DMX, Lil’Kim et Jadakiss.

«The Real Deal», 2005 («l’Authentique») est un paradigme pour la série entière, car ce que représente finalement Janine Gordon, c’est un monde réel dans lequel on a renoncé à la peur, et l’artiste entre dans ce monde en renonçant elle-même à la peur. Le grain à la surface des clichés semble leur donner un caractère éphémère. Les tirages sont tirés à l’aide du processus traditionnel du 35mm, l’artiste s’engage en fin de compte dans une « fin de partie » présentée comme une «belle image».

– Un homme, seul face à l’immensité d’une mer brumeuse, contemple la ligne d’horizon tandis que de minuscules silhouettes relient le ciel au sable de la plage. Un escalier, une terrasse délabrée au-dessus des flots, des ruines au bord de l’eau, un mur perforé qui laisse apparaître son squelette de briques rouges… Toutes les photographies de Zineb Sedira dirigent le regard et la pensée vers la Méditerranée, abîme éloignant l’Algérie de la France.

En sillonnant Alger, l’artiste s’est focalisée sur les paysages et l’architecture à laquelle la capitale doit son allure si occidentale. Les constructions de l’époque coloniale, bien que sévèrement marquées par le temps, n’ont rien perdu de leur élégance. Tel est tout particulièrement, le cas de la célèbre « maison hantée » surplombant la mer et dont l’histoire étonnante fut largement relatée par les journaux. Des familles algériennes furent relogées à plusieurs reprises dans cette magnifique bâtisse abandonnée après le départ des pieds-noirs en 1962. Mais elles n’y restaient jamais longtemps. «Elle est hantée», disait-on.

Au fil des années, comme tant d’autres résidences, la maison hantée ne fut ni entretenue, ni intentionnellement démolie. Aujourd’hui, ses façades semblent poser une question : qu’en sera-t-il des vestiges français ? Finiront-ils par tomber en poussière dans l’indifférence générale ? Ou bien constitueront-ils, d’ici quelques siècles, un objet de fierté nationale comme les sites témoignant de l’hégémonie de Rome au temps de l’Antiquité ? Dès lors, les côtes de la capitale apparaissent comme un point de transition entre ici et là-bas, le passé et le présent, la mémoire et l’oubli.

La transition se matérialise en la forme d’une route dans la vidéo And the Road Goes on… Un paysage côtier défile à une vitesse vertigineuse sans permettre à l’œil de saisir les détails du premier plan. Mais des individus rencontrés au hasard, un passant ou un homme en bicyclette, entraînent régulièrement le ralentissement de la bande. La vidéo propose une inversion curieuse questionnant le temps, l’espace et le mouvement : le paysage, généralement immobile, défile à une allure folle, tandis que l’humain, habituellement animé, se retrouve figé.

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