DANSE | SPECTACLE

Le Grand Bain | Lostmovements

28 Mar - 29 Mar 2019

Solo chorégraphique interprété par Jan Martens, et coécrit par Jan Martens et Marc Vanrunxt, Lostmovements déshabille la mémoire du mouvement. Comme une plongée archéologique dans la chair de la danse, en compagnie d'une sculpture, aussi hermétique que magnétique, de Katleen Vinck.

Avec Lostmovements (2019), les chorégraphes et danseurs belges Jan Martens (Cie Grip) et Marc Vanrunxt (Cie Kunst/Werk) livrent un solo écrit à deux. Interprété par Jan Martens, Lostmovements joue la synthèse. Pour exergue, la performance cite Noah Charney : « Perdu est simplement un autre mot pour dire en attente d’être trouvé ». Une phrase écrite par un romancier dont l’un des ouvrages, The Art Thief, se compose de nouvelles prenant pour thème le vol d’œuvres dans les musées et églises. Vols, pertes, emprunts… Lostmovements puise ainsi dans la double mémoire chorégraphique de Jan Martens et Marc Vanrunxt. Habitués à travailler ensemble, pour ce solo ils convoquent quantité de personnages. Compositeurs, chorégraphes, danseurs… La pièce déploie une histoire de la danse, alternant mouvements libres ou structurés, tendres ou saccadés. Et sur une scène dépouillée, où rayonne une sculpture abstraite, Jan Martens part ainsi en quête des mouvements perdus.

Lostmovements de Jan Martens et Marc Vanrunxt : un solo sculptural

Alternant silence, compositions contemporaines (Krzysztof Pendereck), ou encore Pop synthétique (Petshop Boys), Lostmovements crée du singulier à partir du divers. Scène à l’obscurité élégante, Jan Martens y côtoie ainsi une sculpture un peu énigmatique, massive, aux allures de prolifération cristalline. Une forme alliant structure géométrique et ramifications organiques. Soit une œuvre à taille humaine, créée par la sculptrice belge Katleen Vinck. Tandis que les jeux de lumières (orchestrés par Stef Alleweireldt) modèlent un danseur en clair-obscur, aux mouvements sculpturaux. Tout aussi ciselée, la texture sonore est l’œuvre d’Els Mondelaers. Solo minimaliste, chaque élément de Lostmovements semble porter la marque d’un choix rigoureux. Comme lorsqu’un rai de lumière vient délimiter un infime espace dans le volume de la scène. Rappelant alors l’une des dimensions des sculptures de Katleen Vinck : leur allures de bunker aux fenêtres effilées.

À la recherche des mouvements perdus : une archéologie chorégraphique

Présence lunaire, voire hermétique, la sculpture de Katleen Vinck agit presque comme une métaphore de la mémoire individuelle. Entre structure cadrée et prolifération ne semblant suivre que la logique de sa matière. Le tout livrant alors une confrontation où le choisi paraît se heurter à une logique organique, non moins impérieuse. Et peut-être en va-t-il autant de la création du solo Lostmovements. Peut-être faut-il suivre la structure rigide des mouvements appris, pour mieux débusquer, dans les recoins ou moments de fatigue, des gestes perdus. Des mouvements qui répondent à leur propre logique. Performance énergique, Jan Martens entraîne les publics au gré d’une plongée dans la chair de la mémoire chorégraphique. Ne laissant rien au hasard, les costumes proviennent des collections du créateur de mode américain Rick Owens. Et déstructuration méthodique, féconde, Lostmovements permettra peut-être de ramener au jour de l’enfoui. Dans une dynamique d’archéologie chorégraphique.

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