DANSE | SPECTACLE

Artdanthé | Ing an Die

17 Mar - 17 Mar 2018

Jeune chorégraphe contemporain, à contre-courant de tout, James McGinn présente Ing an Die. Un opéra post-contemporain à deux danseurs, sur une musique de film, en forme d'épopée romantique pré-apocalyptique. Chronique d'un anachronisme annoncé, Ing an Die écorche les catégories.

Ing an Die a presque tout du film. Spectacle pour deux interprètes, Ing an Die, du chorégraphe américain James McGinn, mobilise une forme narrative peu commune dans la danse contemporaine européenne. En l’occurrence, James McGinn qualifie son Å“uvre d’opéra post-contemporain. Revisitant la notion d’œuvre d’art totale chère à Richard Wagner (la Gesamtkunstwerk), ici les deux danseurs n’ont que peu en commun avec Siegfried et Brunehilde. Post-contemporain, post-apocalyptique, ou pre-apocalyptique, sur une musique aussi symphonique que mélancolique, Ing an Die captive. Les deux jeunes et beaux danseurs (James McGinn et Inga Huld Hákonardóttir), comme seuls au monde, mettent en scène une histoire d’amour. Entre les genres, entre les cultures, entre les catégories artistiques… Ing an Die impose sa singularité. Sachant qu’outre-Atlantique, la pièce aura été décrite comme emblématique de la danse contemporaine européenne. De par son absence de narration claire, ou de belles images, notamment.

Ing an Die, de James McGinn : un opéra dansé, à deux, post-contemporain

Opéra en trois actes, Ing an Die est né de la rencontre entre trois  artistes. À savoir James McGinn (chorégraphe, danseur), Inga Huld Hákonardóttir (danseuse) et Christoffer Forbes Schieche (chorégraphe, designer). La pièce s’est construite entre la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas et les États-Unis. Opéra à équipe réduite, la musique est tiré du film Inception (Christopher Nolan, 2010). À savoir le titre Time, par Hans Zimmer, monté en boucle et étiré sur une vingtaine de minutes. Tandis que le titre de la pièce Ing an Die, énigmatique, a une origine intimiste. Puisqu’au fil des dix années de préparation du spectacle, pour évoquer son travail en cours, James McGinn aura pris l’habitude d’appeler le duo « Inga and I ». Gardant ainsi la trace de cette genèse, Ing an Die s’est métamorphosé en suffixe d’action — ‘-ing’, dans la conjugaison anglaise —, auquel est venue s’ajouter une connotation de mort — ‘Die’, mourir.

Après Richard Wagner : l’histoire cinématique d’un amour pré-apocalyptique

Opéra en trois actes, Ing and Die s’articule entre ‘Form‘, ‘Fiction‘ et ‘Fate‘ [Destin]. Intéressé par le post-humanisme et le transhumanisme, James McGinn livre une Å“uvre qui explore l’endroit où les limites se brouillent. Homme / Femme, humain biologique / humain digital, performance / opéra… Une approche postmoderne de la citation et de la référence, qui se conjugue à une approche pré-apocalyptique de l’amour, pour un opéra post-contemporain, porté par une boucle sonore tirée de Time [temps]. Il y a presque une pirouette dans ce jeu sur la dramatisation du présent. Émotions prélevées au gré de différents concours de circonstances… Le destin [Fate] : qu’en reste-t-il dans ce tourbillon de contingences ? Là où les Niebelungen wagnériennes s’avançaient implacables, Ing an Die distille une distance élastique. Pour un romantisme mi-sérieux, mi-ironique, mi-amer.

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