ART | EXPO

Jacques Villon, né Gaston Duchamp (1875-1963)

04 Nov - 01 Avr 2012
Vernissage le 04 Nov 2011

Frère de Marcel Duchamp, Jacques Villon a enfin l’honneur d’une rétrospective, la première depuis celle organisée à Paris en 1975. De caractère discret, auteur d'une peinture douce et sans provocation, l’artiste n'a été reconnu que tardivement. Cette exposition invite à redécouvrir son art « fait de sourire, de réflexion, d’aisance et de réserve ».

Jacques Villon
Jacques Villon, né Gaston Duchamp (1875-1963)

Faut-il reconsidérer aujourd’hui l’œuvre de Jacques Villon? Le musée des Beaux-Arts d’Angers répond à cette question en présentant une rétrospective qui traverse le XXe siècle et en éclaire, par ses différents aspects, l’histoire et les grandes interrogations. Jacques Villon (Damville 1875 – Puteaux 1963), de son vrai nom Gaston Émile Duchamp, est le frère aîné de Marcel Duchamp, du sculpteur Raymond Duchamp-Villon et de Suzanne Duchamp, également peintre, qui épousa l’artiste dadaïste Jean Crotti. Étonnante famille d’artistes dans un milieu de notables cultivés qui favorisa leur orientation! Villon choisit son pseudonyme en hommage au poète français François Villon. Son œuvre suit un parcours qui s’engage au début du XXe siècle comme dessinateur satirique observateur d’un monde en changement, participe au mouvement cubiste et à l’abstraction d’après-guerre pour rejoindre celle des années 40 et 50 qui correspond à la fois à l’apogée de la deuxième école de Paris, avec Bazaine, Estève, Debré, Poliakoff, entre autres, puis au déclin de l’influence parisienne au bénéfice de New York.

La reconnaissance de l’importance de l’oeuvre de Villon intervient dans la carrière de l’artiste à la fin des années 1940, alors qu’il a déjà à son actif plus de sept à huit cents toiles et près de cinq cents gravures. La raison de cette reconnaissance tardive réside en partie dans le caractère secret et modeste de l’artiste et dans son choix d’installer son atelier dès 1906 à distance, sur les hauteurs de Puteaux, l’éloignant pour toujours de l’agitation de Montmartre ou de Montparnasse. Esprit indépendant comme ses frères et sœur, son style doit beaucoup au cubisme, Villon s’y appliquant dans une manière très personnelle, qui compose la fascination pour la mécanique, le mouvement et les théories de la peinture avec les émotions de la nature.

À 16 ans il réalise ses premières gravures chez son grand-père, le peintre graveur rouennais Émile Nicolle. De 1894 à 1906, il travaille comme caricaturiste et illustrateur pour plusieurs journaux parisiens comme l’Assiette au Beurre. À partir de 1906, il se consacre à la peinture, influencé par Edgar Degas et Henri de Toulouse-Lautrec. En 1911, il est à l’initiative de la création du groupe de Puteaux puis de la «Section d’or», qui réunit, autour de ses frères et sœur des artistes comme Gleizes, Metzinger, Picabia, Gris, Léger, ou encore Delaunay et Kupka. Il participe à l’exposition, l’Armory Show à New York en 1913. Après la guerre où il est mobilisé et prend part au combat, Villon reprend son travail de peintre et graveur. Marcel Duchamp, réformé, est parti à New York en 1915; Raymond Duchamp-Villon meurt en 1918 d’une typhoïde contractée au front. Leurs personnalités et leurs œuvres restent pour Villon une constante référence. Il expose plusieurs fois à New York où il est représenté dans les plus prestigieuses collections.

Le marchand Louis Carré acquiert en 1942 son fonds d’atelier et contribue, avec le soutien des «Jeunes peintres de tradition française», à le placer sur la scène artistique. Dès 1944, une exposition lui est consacrée à la galerie de France; ce sera la première d’une longue série qui fera voyager ses œuvres dans les plus grands musées français et étrangers (Musée national d’art moderne à Paris; Stedelijk Museum à Amsterdam, Museum of modern art à New York…). Il est un des rares peintres français à avoir conservé son renom aux États-Unis: en 1945, son œuvre et celles de ses deux frères sont présentées à la Yale University Art Gallery et en 1950, il obtient le prestigieux premier prix Carnegie. Pour l’exposition d’Angers, de nombreux musées et galeries français et américains, quelques particuliers et la famille ont accepté de prêter leurs œuvres.

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