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Istvan Balogh

PNicolas Gerbi
@12 Jan 2008

Des pièces dont la figure est le centre, et dont chacune paraît comme inscrite dans un récit plus vaste, un récit intime qu’elle cherche à révéler.

La figure est au centre de l’œuvre d’Istvan Balogh. Pour être photographiques, voire cinématographiques par l’art de la mise en scène, les travaux de Balogh prolongent la tradition proprement imagière qui fit durant plusieurs siècles l’art de l’Europe. Héritage iconique dont l’artiste s’ingénie à magnifier les codes (compositions, couleurs, jeux de la mimésis) et les thèmes (paysage, nature morte, portrait) en d’harmoniques synthèses organisées autour d’un personnage unique.

Si la peinture classique était ancrée dans la stabilité d’une société fondée sur de solides repères théologiques, c’est à une sorte d’incertitude des existences modernes que l’œuvre de Balogh semble se référer. Chacune des pièces paraît comme inscrite dans un récit plus vaste, dont elle témoignerait par un moment fugace, transitoire, et dont l’indécision renvoie tacitement à un récit intime qu’elle cherche à révéler.

Un homme pris sur le vif d’une fuite effarée dans un jardin cadré comme dans l’urgence d’une photo volée, une femme alanguie sur le satin d’un lit à peine défait et lisant presque un livre : chaque scène discrètement convoque la pensée, le regard, vers cet «instant d’après» — ou vers les motifs étranges qui surent le préparer.

Solitudes assistées de la présence forcément exogène de l’œil du regardeur, voyeur de cette intimité livrée dans ses ambiguïtés, les visions de Balogh cultivent cette étrangeté d’un moment qui pourrait être familier si la force du contexte n’en révélait la très instable unicité.

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