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Islandia

PLéa Bismuth
@12 Jan 2008

L’exposition «Islandia» de l’artiste américain Tom Sachs apparaît comme un appel presque ironique à une prise de conscience écologique, le thème des insectes permettant de mettre en question le rapport à la nature des pays développés.

Tom Sachs est un habitué de la galerie Thaddeus Ropac. En 2003, il y signait déjà une exposition intitulée «Disaster» violemment dressée contre l’Amérique de Georges W. Bush. A première vue, l’exposition «Islandia» semble moins directement dirigée contre la politique américaine puisqu’elle apparaît comme un appel presque ironique à une prise de conscience écologique.

Le visiteur est confronté à une réplique géante d’une boîte de poison visant à tuer les termites. Non loin de là, Tom Sachs a reproduit une affiche géante qui propose un produit génial tuant les insectes nuisibles dans l’heure. Parodiant les affiches publicitaires, on peut lire d’une écriture singeant les slogans : «Starts killing in hours» à côté d’un cafard mort… La mort dans l’heure, voilà l’efficacité incarnée…

Le thème des insectes est prédominant dans cette exposition, il permet à Sachs de mettre en question le rapport à la nature des pays développés en des temps où il semble que l’écologie soit une découverte inouïe, alors que des signaux d’alarme sont enclenchés depuis plus de trente ans.
Et ce n’est pas sans ironie que Sachs se présente comme un «être ambivalent» qui aime bien évidemment «l’air conditionné et les insecticides», mais qui sait qu’«ils sont mauvais». Il est lui-même ce new-yorkais qui vit dans un pays dirigé par Bush, il est lui-même un homme qui n’a pas envie d’avoir des cafards dans sa cuisine.

Au-delà du message politique, Tom Sachs propose de poser des questions: comment préserver la nature et l’environnement en habitant dans des maisons avec air conditionné, en ayant trois voitures et en ne voulant pas changer ces habitudes confortables ?
Sachs répond à cette question insoluble en mettant en scène des habitudes trop facilement acquises par l’intermédiaire d’un menu de restaurant sous forme de paravent géant, menu qui propose pléthore de plats et de viandes variées ou encore en imposant un réfrigérateur au centre d’une galerie d’art.
La réfrigération à outrance, le plaisir immédiat, la consommation, la productivité et les performances de l’Entreprise avec un grand «E» sont mis à mal par Sachs qui leur oppose l’imagerie du crâne humain, de la vie non technologique.

C’est sans doute dans cette perspective qu’il faut comprendre la sculpture de crâne humain que l’on voit dans la salle du bas de la galerie : Sachs semble avoir «customisé» un crâne humain (comme on «customise» ses baskets ou ses jeans) avec un objectif de caméra dans l’œil (très Robocop!), des nattes à la Heidi ridicules et un tuyau d’aspirateur en guise de colonne vertébrale.
Une telle sculpture ne peut être qu’une prise de distance à la fois ironique, mais néanmoins inquiétante sur la vie des habitants de nos sociétés au XXIe siècle.
Rappelons nous sa Chanel guillotine ou encore son McDonald’s Stock Certificate que l’on peut voir sur son site. Le meurtre de l’humanité par elle-même est une éventualité à prendre en compte.

Site
http://www.tomsachs.org/index.htm

Tom Sachs
— Hooters, 2006. Pyrography and gold leaf on plywood. 304,8 x 243,8 x 9,5 cm.
— Negro Music, 2006. Mixed media. 156,2 x 52,7 x 104,8 cm.
— Untitled (Trash Can), 2006. Sintra and thermal adhesive. 47.6 x 57.2 x 72.4 cm.
— Subzero 650, 2006. Plywood, sintra and pvc. 91.4 x 69,2 x 212,1 cm.
— Chlordane, 2006. Acrylic and pyrography on plywood. 62,9 x 30,5 x 182,9 cm.
— Jackoff Methlab, 2006. Mixed media. 139,7 x 128,3 x 41,9 cm.
— Large Roach (medium), 2006. Acrylic on panel. 121,9 x 121,9 x 2,5 cm.

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