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Interviewer la performance

Dressant un panorama de la performance en France, de 1960 à aujourd’hui, cet ouvrage regroupe douze entretiens avec douze artistes qui ont marqué l’histoire du médium. La mutliplication des points de vue permet de rassembler et de confronter une pluralité de définitions, de formes et d’intentions, tout en ouvrant à la compréhension de l’histoire de la performance.

Information

Présentation
Medhi Brit, Sandrine Meats
Interviewer la performance. Regards sur la scène française depuis les années 1960

Interviewer la performance dresse un panorama de la performance en France depuis son essor dans les années 1960, jusqu’à aujourd’hui.
Ces douze entretiens avec douze artistes qui ont marqué l’histoire du médium sont autant de témoignages sur le contexte de création de ces œuvres. Le choix de ces artistes majeurs dans leur domaine permet de rassembler et de confronter une pluralité de définitions, de formes, d’intentions, et d’inviter à une lecture multiple du médium tout en ouvrant à la compréhension de ses contextes. Car à travers l’histoire de la performance, c’est aussi une partie de l’histoire de l’art qui se raconte.

Ces grands entretiens illustrés sont précédés d’une large introduction, qui explore l’histoire de la performance et met en perspective ses enjeux artistiques, théoriques, esthétiques et philosophiques. Complété de plusieurs index (artistes, lieux, publications), il est conçu comme un ouvrage de référence et un outil de travail pour les artistes, les historiens d’art, les chercheurs et tous ceux qui s’intéressent à l’histoire trop méconnue de ce médium.

Avec des entretiens de: Fabio Balducci, Julien Blaine, Philippe Cazal, Marie Cool, Olivier Dollinger, Charles Dreyfus, Esther Ferrer, Joël Hubaut, Arnaud Labelle-Rojoux, Eric Madeleine, Orlan, Alain Snyers, Tsuneko Taniuchi, Untel, Jean-Luc Verna.

«Mehdi Brit & Sandrine Meats: Les années 1960 sont également extrêmement fertiles quant à la prise de parole politique. Je pense notamment à Géranonymo, Vivlalib et Pirate, des revues que tu crées afin d’engager un discours, avec un verbe toujours aussi incisif, autour de différentes luttes et défendant la liberté d’expression. C’est aussi à la même période, en 1968, que tu défiles en général-dictateur pendant l’inauguration de la 6e Biennale de Paris, dans le cortège officiel du ministre de la Culture. Ces prises de positions n’ont-elles pas alimenté ton désir de franchir les frontières entre l’art et la vie?

Julien Blaine: Ma vie c’est l’art et mon art c’est ma vie, parler fort et clair, parler fort et libre, essayer de donner à tous cette liberté de dire fort et vrai. Essayer ça! Après on verra bien. Et on a vu: notre parole a été confisquée et nous n’avons pu que la limiter dans des espaces réservés et celles et ceux qui avaient été, jadis, confrontés à cette parole ont préféré — à ce jour —les spectacles du football et des reality shows. Les médias ne conservent que les artistes de marque au sens de Trade-Mark! Mais tantôt je désespère et tantôt j’espère, c’est-à-dire à quel point j’espère…

L’art “maintenu” hors de ces espaces est devenu l’art officiel et municipal ou l’art dit “progressiste” des municipalités “ouvertes” avec des troupes de théâtre normalisées qui vont de-ci de-là au gré des invitations et des subventions, sur les rues et sur les places. Je ne sais pas trop quoi en penser, cela dépend si je me mets à la place des spectacles ou à celle des spectateurs.
Géranonymo: la liberté sans réserve! 15 numéros de 1970 à 1975. J’ai vraiment essayé dans ce journal de développer un art utile ou utilisable pour nos luttes.
Vivlalib et la Poésie “:”, ce qui se passe c’est ce qui se passera après que nous soyons passés. Avec des Etats généraux dans un pavillon loué pour une dizaine de jours à La Madeleine-Bouvet (une commune française située dans le département de l’Orne en Basse-Normandie), une assemblée d’artistes disputant et discutant pour savoir comment donner à tous le moyen de se libérer et de s’exprimer. Nous étions persuadés d’y parvenir! A tous points de vue, nous étions déraisonnables.»

Sommaire
— Avant-propos
— Introduction
— Repères historiques
— Julien Blaine
— Marie Cool, Fabio Balducci
— Olivier Dollinger
— Charles Dreyfus
— Esther Ferrer
— Joël Hubaut
— Arnaud Labelle-Rojoux
— Eric Madeleine
— ORLAN
— Tsuneko Taniuchi
— UNTEL
— Jean-Luc Verna
— Biographie des auteurs
— Repères bibliographiques
— Index