ART | CRITIQUE

Intérieur pour animal à deux pattes

PEtienne Helmer
@12 Jan 2008

Avec humour et poésie, Florence Doléac transforme en grand format des structures naturelles pour en faire des objets à usage domestique…

Entre installation artistique et mobilier au design novateur, les objets de Florence Doleac présentés à la Galerie Jousse entreprise abolissent les frontières entre monde naturel et monde artificiel, monde animal et monde humain.
Ainsi, entre toile et étendoir, l’Etendoile d’araignée (2006), fil à linge lumineux en forme de grande toile d’araignée, importe dans l’intérieur de nos logis ce que la propreté nous commande ordinairement d’en exclure. Une énigmatique paire de chaussettes est suspendue à ce fil et rend mystérieuse l’identité de l’animal: un étrange bipède tisseur de toiles?

À ce mouvement d’intériorisation d’un élément naturel fait pendant un mouvement contraire, qui nous ramène en pleine nature: une flaque bordée de petits cailloux scintillants (Flaque, 2006) reflète l’Etendoile et contribue aussi à brouiller les frontières entre la nature et l’art. Bref, l’art imite ici la nature dans un système de renvois réciproques dont il est difficile de sortir.

Le Cocoon (2006), chapelet de polochons de plumes insérés dans des housses tricotées, est une sorte de coussin à géométrie variable, qui rappelle la coexistence de l’ordre et du désordre dans la nature. La laine a remplacé la soie du cocon naturel, et invite au «cocooning» hivernal.
De même, la méridienne Patapouf (2006) est conçue à partir de la structure métallique d’une chaise renversée sur laquelle est fixé un long coussin en peau de mouton propice au délassement.

Florence Doléac procède donc avec humour et poésie à un transfert en grand format de structures naturelles dont elle transforme les matières. Ce faisant, elle peut les introduire au sein de l’habitat, non plus, telles les plantes et les fleurs, à titre d’objets décoratifs, mais en les destinant à un usage véritable. Cette combinaison singulière de formes et de matériaux artificiels et naturels visant au confort ne peut que nous réjouir d’être de singuliers animaux d’intérieur.

Florence Doléac :
— Flaque, 2006. Miroir au sol, cristaux de verre, eau.
— Patapouf, 2006. Coussin, peau mouton de Toscane, structure métallique peinte (Fermob).
— Etendoile d’araignée, 2006. Fil électroluminescent, structure inox peinte.
— Cocoon, 2006. Chapelet de polochons de plumes houssés de laines tricotées.

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