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Interconnected Echoes

L’accueil de l’exposition «Interconnected Echoes» de Matthew Stone est de taille : un tirage monumental — A Dangerous Falsehood Had Arisen, In That Every Passionate Action Must Be Physically Violent — contrecollé sur un châssis, comme encastré en biais dans le premier espace de la galerie Paul Frèches, montre quatre corps nus, dans un même mouvement descendant. Cette photographie et celle du deuxième espace — A Space For Useful Visions Of The Future —, caractéristiques de la pratique de Matthew Stone, s’inscrivent dans une tradition picturale et théâtrale. Elles mettent en scène de jeunes modèles nus ou dénudés sur un fond noir dense, dans des positions lascives, voire extatiques. Agglutinés les uns aux autres, leurs membres sont pendants et leurs gestes raffinés. Par les clairs-obscurs, les plis des tissus et l’action de la lumière révélant la carnation des corps, Matthew Stone semble se placer dans la lignée de l’art baroque et de peintres tels que Le Caravage, Titien, ou Géricault.

A Dangerous Falsehood… fait face à un dessin de taille moyenne, Tracing The Non-Lineage Of Influence. (Deep Mind Map I), exécuté à l’encre noire sur papier blanc, composé de petits traits discontinus ne remplissant qu’une petite partie de la feuille. Malheureusement, la grandiloquence de la photographie écrase le dessin devenu presque insignifiant.

Dans Collective Individuality. Entangled Individuality Open Individuality, Matthew Stone se place à la frontière de la planéité et du volume. Il découpe et colle ses photographies/mises en scène, créant ainsi des sculptures cubiques en deux dimensions. Ces fausses faces et arêtes agencent des fragments de corps. Une main touche le bras d’un autre corps, un pied se prolonge dans un torse… Les cubes emboîtés les uns dans les autres sont au centre d’un autre dessin en noir et blanc, formellement proche de celui du premier espace. On éprouve quelques difficultés à comprendre le lien que l’artiste a tenté d’effectuer entre les dessins épurés d’un côté et les photographies baroques de l’autre.

Certes, les images de Matthew Stone sont habilement composées et l’on perçoit une certaine maîtrise de la photographie (du cadrage, de la lumière, de la mise en scène, etc.). Mais l’esthétique léchée qu’il a choisie trouverait davantage sa place dans les pages tendance de magazines féminins ou auprès de grandes marques de vêtements, que sur les murs d’une galerie. Et que dire de l’absence d’idée, de réflexion qui sous-tendent ces images… Au lieu du Caravage, on pencherait plus ici vers l’art pompier, l’emphase (à cet égard, la longueur des titres et la taille de certains tirages est assez éloquente) comme cache-misère. Certains croient pouvoir comparer Matthew Stone à Andy Warhol, notamment pour les soirées artistiques qu’il organise. Quant à son travail, il se pourrait qu’il soit un peu, même beaucoup surestimé…

Matthew Stone
A Dangerous Falsehood Had Arisen, In That Every Passionate Action Must Be Physically Violent, 2009. Affiche contrecollée sur panneau, structure en bois, œuvre in situ. Dimensions variables

Tracing The Non-Lineage Of Influence. (Deep Mind Map I), 2009. Dessin à l’encre sur papier Hahnemuhle, cadre Koto. 100 x 66,7 cm.

Collective individuality. Entangled individuality Open individuality, 2009. Impression sur papier et dessin à l’encre, cadre Koto. 50 x 33,35 cm.

A Space For Useful Visions Of The Future, 2009. Tirage Lightjet contrecollé sur Dibond et cadre Koto. 101 x 67,35 cm.