ART | EXPO

Infrared Scene

04 Sep - 03 Nov 2010
Vernissage le 04 Sep 2010

Les paysages de Brendan Cass relèvent d’un espace mental, d’une vision «abstraite» obtenue à partir d’un document source, généralement une image de faible qualité: photo de calendrier, carte géographique, prospectus publicitaire ou une simple carte postale.

Brendan Cass
Infrared Scene

La Galerie Zürcher présente la première exposition personnelle de Brendan Cass à Paris. Peintre né en 1974, il travaille à Brooklyn (New York). Sujet de prédilection: le paysage. Les titres évoquent des noms de lieux précis et pourtant, il y a peu d’éléments descriptifs dans ces tableaux pour les identifier clairement.

On est gagné par l’étonnement, voire le trouble devant l’aspect naïf que donne parfois la simplification extrême des repères figuratifs: des arbres seulement situés par quelques coups de brosses rapides, des bâtiments architecturaux localisés par de sobres aplats de couleur selon une géométrie approximative et des étendues d’eau en rubans qui serpentent ou s’étirent d’un bord à l’autre de la toile.

De tels paysages ne doivent rien à l’exactitude d’un relevé sur le terrain ni à un quelconque souci du pittoresque. Ils relèvent d’un espace mental, d’une vision «abstraite», obtenue à partir d’un document source, généralement une image de faible qualité: photo prise dans un calendrier, carte géographique, prospectus publicitaire ou même une simple carte postale.

Ce document est ensuite utilisé comme un script pour «monter» (au sens cinématographique du terme) les passages successifs d’une écriture picturale parfois convulsive. Brendan Cass joue sur les tensions d’un contrôle limite tenu juste en deçà du chaos. Comme un peintre du Tao, il mobilise les souffles vitaux et a fait sienne la philosophie de «l’Unique Trait de Pinceau».

Mais Brendan Cass appartient aussi pleinement à cette grande tradition américaine d’une peinture épique et spectaculaire qui va des couchers de soleil rougeoyants de Frederic Edwin Church (1826-1900) et de ses amis de la Hudson River School — capables de développer une véritable aventure dans chacune de leurs toiles — jusqu’aux explosions colorées des immenses reliefs d’un Frank Stella.

Si Brendan Cass affectionne les grands formats, même les plus petits ne donnent jamais l’impression d’une réduction d’espace. Ignorant le fragment, il parvient à ouvrir le champ. Prenant tous les risques formels, osant lui-même faire confiance à sa propre sensibilité, il peut en attendre en retour.

Tendu à l’extrême, cherchant toujours à dépasser sa propre virtuosité, Cass joue du zip comme d’un archer tenant la note continue. Il augmente les contrastes et pousse la couleur à sa limite de saturation. Ne reculant devant aucun drip, il ne s’abstient d’aucune fluorescence, d’aucune matière en épaisseur s’il lui plaît d’en user, lâchant quelques déjections de bronze, disposant ici et là quelques éclairs d’argent pour exciter le regard et marquer ainsi la trace du parcours à suivre pour pénétrer dans le tableau.

Sur la voie déjà bien illustrée de l’action painting et du color field Brendan Cass ne craint pas de présenter son maelstrom pictural hors norme, proche par l’esprit de cet « art brut » à propos duquel Jean Dubuffet écrivait ces quelques mots qui pourraient bien lui convenir: «Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art donc où se manifeste la seule fonction de l’invention, et non, celles, constantes dans l’art culturel, du caméléon et du singe.» (Jean Dubuffet, L’art brut préféré aux arts culturels, 1949)

AUTRES EVENEMENTS ART