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Infra-mince n°3

Le troisième numéro de la revue de l’Ecole nationale supérieure de Photographie d’Arles est consacré au thème «Voir avec, voir contre son temps». On y retrouve des contributions de Marina Grzinic, Marie-José Mondzain ou Bas Vroege, et plusieurs portfolios.

Information

Présentation
Directeur de la publication et rédacteur en chef : Patrick Talbot
Infra-mince n°3

Troisième numéro de la revue annuelle de l’Ecole nationale supérieure de Photographie d’Arles, Infra-mince offre des textes et des images visant à questionner les évolutions et la vitalité de la photographie dans le contexte contemporain.

Le fil conducteur de ce numéro est le suivant : « Voir avec, voir contre son temps ». Les auteurs et les photographes ont accepté de chercher une réponse ou, au moins, de ne pas trop s’écarter de l’énoncé qui la suscite en l’insérant comme une puissance active dans la trame de leurs mots et de leurs images.

«Voir avec non seulement n’interdit pas mais au contraire exhorte à voir autrement et à aller regarder ailleurs, là où, pour beaucoup, il n’y a pas grand chose à voir et rien en tout cas qui vaille qu’on s’y arrête». Comme le fait remarquer Christian Milovanoff, à propos de certains photographes américains — Edward Sheriff Curtis, Jacob Riis, Lewis Hine — cette attitude n’est-elle pas aussi caractéristique d’une manière de voir contre se distinguant de nombre d’autres en proie, surtout dans les premiers temps de la photographie, à une sorte de frénésie aussi irrésistible qu’insensible à ce qui, dans tout regard, trahit des représentations et des codes socialement identifiables, à la fois peu attentifs et peu intéressés par ce qui les refuse et les excède ?

Bas Vroege se demande si les technologies numériques ne signent pas la fin de la photographie et si voir avec son temps n’implique pas sinon l’oubli définitif d’un médium en décalage avec les attentes de l’époque, du moins son absorption au sein d’un contexte technologique multimédia, le seul dans lequel se reconnaissent les jeunes générations. Quant à Marina Grzinic, elle décrypte l’impact des nouveaux médias dans une perspective plus large, en termes de «naturalisation sensorielle», de «production systématique de cécité» et d’une substitution qui annule la trilogie passé-présent-futur au profit du binôme temps réel-temps différé. Marie-José Mondzain quant à elle parle de «l’industrie du même temps, de l’immédiateté d’une actualité saisie et transmise en temps réel», ce à quoi se réfère, entre autres, le photojournalisme à scoops.

Finalement, «c’est au fond ni avec, ni contre, mais dans le brouillard que se modèle l’influence des idoles, que s’impose comme allant de soi l’invasion de l’intime et la pollution de l’espace public, que s’effectue la manipulation des fantasmes, des peurs et du ressentiment».