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Induction Procedure

25 Mai - 27 Juil 2013
Vernissage le 25 Mai 2013

«Induction Procedure» rassemble quatre artistes dont le vocabulaire esthétique est basé sur l’objet, sa forme, sa composition. En effet, tout objet manufacturé dépend d’un sens utilitaire, social, politique ou économique. L’enjeu est alors d’opérer un détachement par rapport aux nécessités qui gouvernent notre action et notre rapport au monde.

Aaron Aujla, Elaine Cameron-Weir, Ryan Foerster, Ben Schumacher
Induction Procedure

«Induction Procedure» réunit quatre artistes nés au Canada, vivant et travaillant à New York. Ce qui rapproche ces artistes, outre une amitié certaine, c’est un vocabulaire esthétique basé sur l’objet et à fortiori sa forme, sa composition. En effet, tout objet manufacturé dépend d’un sens utilitaire, social, politique ou économique.

Prenons l’œuvre Bookshelf d’Aaron Aujla. Au départ il s’agit d’un produit pratique et domestique: une étagère réduite au concept de forme / fonction ne se définissant au préalable que par son utilité d’objet mais Aaron Aujla la dématérialise et la sort de son contexte. Se crée alors une sorte d’alliance entre la subjectivité de l’œuvre en tant qu’œuvre plastique, et l’objectivité de ce qu’elle est en tant qu’objet. Elle se détache de son utilité et interagit dans l’espace qui l’accueille, dans le cas présent la galerie, qui lui dicte ses qualités formelles, ses contraintes et lui confère son essence propre et distincte.
L’élément devient obsolète et cède la place à une œuvre en tant que telle, créant ainsi une sorte de fossé à franchir pour passer de l’objet utilitaire à une création à part entière dépourvue de sa signification première.

Si l’objet fini a une place prépondérante dans les œuvres de ces quatre artistes, le matériau, la matière première brute, qui est de fait la base de l’objet même, se retrouve façonnée, pensée de façon presque sensuelle chez Elaine Cameron-Weir, avec les plaques d’aluminium qui sont le résultat de la fonte artisanale d’un amalgame de câbles électriques, réduit à la forme la plus simple tant sur le plan formel que conceptuel. Devenus des plaques rectangulaires à la surface accidentée rappelant un sol lunaire constellé de cratères, nous sommes loin des câbles d’alimentation et de leur fonction initiale.

Les œuvres en cachemire de Ben Schumacher sont, quant à elles, plus frontales. Le matériau utilisé subit une transformation spécifique qui encore une fois l’éloigne de sa signification première. Gravant au laser des patrons utilisés dans l’industrie textile sur un support, lui même, cher à cette dernière, Ben Schumacher crée une sorte de mise en abîme de la matière. Ses œuvres se jouent du code traditionnel de la représentation picturale en simulant faussement le motif via l’utilisation d’une technologie de pointe.

Aux techniques modernes, Ryan Foerster préfère les altérations et oxydations naturelles. Ses œuvres abstraites et mouvantes dégagent une force visuelle puissante déroutant l’œil du spectateur.

Les œuvres de ces artistes sont composées d’éléments que nous connaissons isolément dans la réalité mais qui, une fois dématérialisés et hors d’un univers familier, nous arrachent à celle-ci induisant notre vision en erreur car défiant les lois de notre quotidien.

L’exposition «Induction Procedure» est une assimilation, une digestion de notre expérience du détachement par rapport aux nécessités qui gouvernent ordinairement notre action et notre rapport au monde. Nous découvrons une sorte de réalité décalée d’un univers tel qu’il pourrait s’offrir à notre vision la plus brute sans aucune des médiations ou des paliers qui lui sont habituellement imposée; aussi, peut être s’agit-il moins d’un éloignement radical du monde réel que d’une redécouverte de la réalité même en tant qu’existence hors des conventions imposées par la société et la vie humaine.

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