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Incertitudes

19 Jan - 27 Avr 2013
Vernissage le 19 Jan 2013

Pour ce travail photographique, Arièle Bonzon s’est intéressée à l’incertitude, l’incertain, cet état liminaire, que seul la photographie, par nature, incertaine –tout comme le monde-, peut nous transmettre.

Arièle Bonzon
Incertitudes

«Même si je ne photographie qu’une infime partie de ce que je vois, la photographie est en moi comme une épine, la part visible de ce qui n’est pas certain.

L’adjectif certain, certaine est apparu il y a dix siècles environ.

Bien avant la photographie, il faut le souligner.

Dans le latin populaire certanus et l’ancien provençal certan, quelque chose se montrait qui était sûr, sincère. De même le latin classique certus, issu de cernere (pour discerner), offrait sans tergiverser le pouvoir de décider ce qui était sûr et fixé.

Nous étions alors face au convaincu, à l’assuré, à l’indéniable, au bien établi.
Notons qu’il fallut un siècle à l’adjectif incertain, de incertus et incertum, pour faire état de ce qui n’était ni précis, ni sûr, ni fixé…

Ce dont le résultat est douteux, dont la nature n’est pas nette, d’un siècle à l’autre va se répandre et s’appliquer à ceux qui se trouvent dans l’ignorance au sujet de quelque chose, ou qui, par tempérament, manquent de détermination.

Il faut en convenir, du certain naquit l’incertain.

La certitude, du latin certitudo, a très naturellement le caractère de ce qui est sûr et, nageant dans les eaux claires de la conviction, elle apparaît comme objective puis devient subjective pour former, en toute fin de XVe siècle, l’incertitude…

Nous voici désormais confrontés à ce qui n’est pas assuré, à ce qui est imprévisible, à mille choses incertaines et mal connues.

Car l’incertitude est grande lorsqu’elle désigne l’état d’une personne qui doute.
Ainsi allons-nous de la certitude vers l’incertitude.

Mais il fallut encore attendre quatre siècles pour que certitude et incertitude soient réunies par l’invention de la photographie! Véritable tour de passe-passe ou acte de pure magie, on n’eut pas le temps de l’établir.
Un siècle encore et le monde devint quantique. Un certain Heisenberg énonçait en physique un principe dit d’incertitude ou d’indétermination, et c’est toute notre compréhension du monde, issue de la logique d’Aristote, qui volait en éclats.

Maintenant (mot fait pour durer plus que l’instant, comme une photographie…), où regardons-nous, que comprenons-nous de ce qui arrive et de ce qui disparaît ? Maintenant, que maintenir ?
La photographie, ce que je vois du monde et le monde lui-même ont ceci en commun, l’incertitude et ses nombreux états. (Arièle Bonzon, octobre 2012)

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