PHOTO | INAUGURATION

Inauguration du Bal

18 Sep - 20 Sep 2010
Vernissage le 18 Sep 2010

Sous l’impulsion de Raymond Depardon, Le Bal, nouveau lieu dédié à l’image-document installé dans l’ancienne salle de bal de Chez Isis, ouvre ses portes au public de 18 au 20 septembre.

Raymond Depardon, Thomas Dubuisson, Caroline Barat
Ouverture du Bal

«Notre rêve est d’ouvrir à Paris un nouveau lieu dédié à l’image-document, à l’emplacement d’une ancienne salle de bal derrière la Place de Clichy. Un lieu d’exposition, de confrontation et d’interrogation des multiples approches possibles du réel, un lieu en résonance avec l’histoire en marche» Raymond Depardon – Président

Le Bal ouvre ses portes le 18 septembre 2010.
Ce sera l’aboutissement d’une aventure de trois ans pour créer un lieu indépendant dédié à la représentation du réel par l’image, sous toutes ses formes: photographie, vidéo, cinéma, nouveaux médias. Ce sera aussi le résultat d’un pari: celui de transformer un lieu de fête et de plaisir des Années folles en un espace ouvert, mobile, réactif aux formes contemporaines du «document».

Quand nous découvrons l’espace par hasard en 2004, son histoire nous intrigue. Salle de bal, restaurant et «hôtel d’amour» construit dans les années 1920, Chez Isis est un lieu de rendez-vous des immigrés italiens venus danser aux portes de Paris, dans un décor de fresques peintes, escalier monumental et verrière art-déco.

Une atmosphère à la «Paris de nuit» de Brassaï règne dans l’impasse. Après la guerre, le lieu se reconvertit et devient le plus grand PMU de France jusqu’en 1992. Changement radical: toutes les ouvertures sont masquées, la verrière occultée et les entrées filtrées. Un coffre-fort scellé dans le sol et les affiches au mur («Toute sortie est difinitive» !) donnent le ton.

Nous rêvons alors d’une troisième vie pour ce lieu. Grâce au soutien des photographes de Magnum, nous créons l’Association des Amis de Magnum qui porte le projet et, à défaut de financement, lui apportera ancrage et légitimité. La mission de ce nouvel espace s’inscrit d’emblée dans un spectre large, celui du «document» visuel, dans tous ses états, fixe et en mouvement, avec toute la complexité d’une notion historiquement fluctuante et toute la diversité des pratiques artistiques: des Documents pour artistes d’Eugène Atget au Presque documentaire de Jeff Wall en passant par le Style documentaire de Walker Evans, l’Anthropologie visuelle de Gilles Peress ou le Réalisme critique d’Allan Sekula, pour ne citer que quelques exemples. Différentes hypothèses sur le monde, différentes postures, différentes constructions de l’expérience humaine.

La naissance du Bal paraît d’autant plus nécessaire qu’elle intervient à l’heure où les créateurs interrogent plus que jamais les conditions de production, de diffusion et de réception des images: le monde est-il encore lisible à partir de sa surface? Comment «représenter un monde qui se définit par la représentation, qui ne cesse de s’enregistrer et de s’enregistrer s’enregistrant?» (Marc Augé). Le Bal Ldoit se faire l’écho de ces questions et présenter des travaux qui mettent délibéremment le genre à l’épreuve. En jeu, la compréhension de ce qui « nous arrive » au-delà des apparences.

Bertrand Delanoë s’enthousiasme pour l’idée et la Ville de Paris décide d’acquérir les murs en 2006. Le projet du Bal est né. Depuis, une équipe réduite et déterminée bataille sur tous les front pour faire exister Le Bal: construire une programmation exigeante, rallier une «tribu» de passionnés accélérateurs d’idées, de projets, de rencontres, convaincre plusieurs partenaires de s’impliquer dans un montage inédit public / privé, donner une nouvelle incarnation au bâtiment grâce au talent de deux jeunes architectes, Thomas Dubuisson et Caroline Barat. Les travaux démarrent finalement en février 2008.

En juillet 2008, la découverte d’une poche de 30m3 de vide sous un pilier porteur gèle le chantier pendant un an et nous décide à anticiper partiellement l’existence du Bal: ce sera la Fabrique du regard et le lancement de quatre programmes d’éducation à l’image pour les collégiens et lycéens de l’éducation prioritaire, imaginés par Christine Vidal et menés «hors les murs» grâce à la complicité du Jeu de paume, du Cinéma des cinéastes et de Play Bac. Notre objectif: former des «citoyens-regardeurs». Faire comprendre aux jeunes comment les images se font et ce qui conditionne notre regard sur elles.

Le Bal ouvre dans quelques semaines. En trois ans, le projet s’est étoffé, il s’est précisé. Fidèle à notre impulsion première, il perpétue un esprit de défricheurs, de passeurs, de révélateurs. Avec une ambition claire: s’emparer de tous les moyens possibles (expositions, débats, co-éditions, aides à la création, ateliers…) pour faire découvrir au public des oeuvres documentaires qui mêlent à des degrés divers, enquête, expérience, enregistrement, analyse, description et invention formelle.

Nous avons inventé Le Bal pour créer une zone franche, un territoire d’images traversé de part en part par des enjeux historiques, sociaux et politiques. Pour créer un lieu et des temps de re-connaissance du réel dans toute sa complexité, ses contradictions. Face à la crise de l’information visuelle et à l’omniprésence de la société du spectacle, nous faisons le pari que l’image-document peut résister. Sans illusion mais sans résignation. Simplement pour dire le monde. Diane Dufour, Directrice du Bal

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