Imaginaire des ruines

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Collectif
Imaginaire des ruines

Au XVIIIe siècle, Diderot se charge d’expliquer aux Français l’ambivalence constitutive de la ruine, objet déchu ou « beau reste » selon les circonstances de son apparition. Un siècle plus tard, d’autres artistes et intellectuels, tels que Volney et Chateaubriand en littérature ou Hubert Robert en peinture, contribuent très largement à diffuser l’idée d’une poétique des ruines. La redécouverte des villes enfouies sous les cendres du Vésuve, Pompéi notamment, ou de temples cachés sous la végétation bouleverse l’Europe.
L’Antiquité se met à revivre sous deux formes contradictoires: le néo-classicisme et sa rigueur d’une part, le romantisme et son goût pour l’imaginaire d’autre part.
En définitive, les ruines sont un « esprit » bien plus que des tas de pierres renversées.
Pour qui sait capter leur poésie, elles sont une prodigieuse machine à rêver et se situent à la frontière entre la perfection et le néant, représentant à la fois l’écoulement pathétique du temps, la délectation morose, la solitude, la mélancolie, l’effroi, la mort, l’éternité, la beauté impérissable de ce qui survit d’une réalité jadis florissante et aujourd’hui défunte.

C’est cette esthétique des ruines que Ferrante Ferranti et Patrice Alexandre nous permettent de redécouvrir aujourd’hui au travers d’une exploration des grands, lieux de l’architecture et par une confrontation de leurs univers créatifs avec celui de Piranèse. Ils nous offrent, par leurs travaux respectifs – photographies et sculptures – une possibilité de retrouver l’émerveillement de toute une époque devant le spectacle des ruines. Mais, avant tout, c’est un hommage qu’ils rendent à Piranèse, grand visionnaire de son temps, lui qui fut envoûté par la magie des ruines au point de passer sa vie à les reproduire sous leur aspect réel ou sous une forme imaginaire.
Au final, les photographies et les sculptures produisent, par un effet d’analogie, des résonances contemporaines et poétiques de l’architecture de l’artiste vénitien.

Né en 1929 à Neuilly-sur-Seine, Dominique Fernandez est auteur et critique. Diplômé de lÉcole normale supérieure et agrégé d’italien, il mène, depuis 1958, une carrière d’écrivain et de critique à la Quinzaine Littéraire, L’Express et au Nouvel Observateur. En 1974, son roman Porporino ou les Mystères de Naples est couronné par le Prix Médicis et, en 1982, le Prix Goncouri est décerné à Dans la main de l’ange. Membre de lAcadémiefrançaise, Dominique Fernandez a égalementpublié de nombreux essais et récits de voyages.

Photographe, Ferrante Ferranti est né en 1960 en Algérie d’une mère sarde et d’un père italien. Il a publié de nombreux ouvrages dont Les ancêtres liés aux étoiles avec Rachid Koraîchi, Farouk Mardam-Bey et Mobamed Kacimi (Actes Sud, 2008) et plusieurs livres avec des textes de Dominique Fernandez.

Né en 1951 à Paris, architecte plasticien, Patrice Alexandre a étudié à l’école nationale supérieure des Beaux Ails. A pailir de 2004, il enquête et rédige, un mémoire sur le rôle du sculpteurface à la mémoire et sa représentation. En 2008, ilprend la co-responsabilité de l’atelier de modelage à l’école nationale supérieure des Beaux Ails de Pans. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages.

Photographies, mots et sculptures produisent des résonances contemporaines et poétiques de l’architecture de l’artiste vénitien.