ART | EXPO

Image du monde flottant

14 Juin - 13 Juil 2012
Vernissage le 14 Juin 2012

Chez Caroline Molusson, l'espace vacille, se déplie, se dissout. Magicienne, elle bricole, détourne, transforme tout de qui lui tombe sous la main, à partir de gestes et de procédures très simples, mais avec une acuité hors du commun.

Caroline Molusson
Image du monde flottant

À l’occasion de cette exposition, la plasticienne Caroline Molusson a choisi d’investir les deux tiers de la surface de la galerie avec l’installation Image du monde flottant. Cette œuvre réalisée à partir de plaques de polystyrène découpées s’offre au regard comme un paysage monochrome accidenté installé à plusieurs dizaines de centimètres au dessus du sol. Flottante et invasive, l’œuvre découpe l’espace en deux, fend le vide en recréant un espace dans l’espace parvenant ainsi à établir une relation entre sculpture et architecture. Image du monde flottant synthétise l’approche formelle de la plasticienne qui, à travers l’utilisation de matériaux pauvres, interroge inlassablement la notion d’économie du geste artistique et la perception de la réalité.

Considérant la réalité comme une donnée instable qui varie selon le regard que l’on porte sur elle, Caroline Molusson se livre depuis près de dix ans à des expériences conjuguant déplacements, multiplication des points de vue, perte de repères et d’équilibre, exploration du vide. Nourrie par sa pratique de la danse et du trapèze, elle multiplie les occurrences formelles (installations architecturales, maquettes, dessins, vidéos) pour renouveler le rapport du spectateur à l’espace, le rendre plus conscient et dynamique. Issus de son environnement immédiat, les matériaux qu’elle utilise sont délibérément fragiles et précaires — papier calque, moquette, carton plume, plexiglas —et bricolés à coups de cutter ou de scotch. À partir de cette radicale économie de moyens et de gestes, elle conçoit des espaces hétérogènes et discontinus où nous nous égarons.

Étendant sa réflexion sur l’espace à la perception des Å“uvres d’art, elle développe des séries de «pièces invisibles», phénomènes sonores ou visuels qui ne seraient plus que les effets collatéraux d’un objet originel. Une caméra filme du fond d’un sac plastique une exposition de Bruce Nauman qui se dilue en abstractions mouvantes et colorées, un rai de lumière sous une porte s’évanouit à mesure qu’on s’en approche, et la voix de Robert de Niro dans Taxi Driver murmure à l’intérieur d’un mur: Then suddenly, there is a change… Tout l’art de Caroline Molusson tient dans cette dernière phrase: une fulgurance radicalement étrangère à l’espace dans lequel elle s’inscrit, ligne de crête ou point d’évanouissement de la pensée où ne subsistent que des impressions, plus ou moins violentes. L’artiste entraîne le spectateur dans un vertige, une tension entre l’affirmation d’un espace à pratiquer dans un mouvement réel et le parti pris extrême de l’illusion. Les Å“uvres disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues — sans laisser de traces. Ou presque…

AUTRES EVENEMENTS ART