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I’m So Glad You Found Me

PNatalia Grigorieva
@12 Jan 2008

Sous les apparences de sages travaux manuels, les œuvres de Lamia Ziadé dépeignent une femme sensuelle et offerte aux regards. L’artiste revisite le désir par le biais d’images efficaces qui troublent et coupent le souffle.

«I’m So Glad You Found Me». Le nom de l’exposition sonne comme une réplique de film hollywoodien prononcée par une bouche humide et impatiente avant de s’abandonner dans un baiser qui, tel des points de suspension, laisse l’imagination des esprit échauffés deviner la suite.
Mais les œuvres de Lamia Ziadé évitent le champs de la suggestion pour prôner un exhibitionnisme franc et assumé. Le style est pétillant, naïf, sans prétention et quasi-humoristique. Les poupées de chiffon, les broderies et les collages prennent au premier coup d’œil des allures de travaux manuels réalisés par un groupe d’écolières assidues. L’artiste mélange allègrement l’aquarelle, des tissus, des fils de laine, des fleurs de rubans et de dentelles comme celles que l’on coud sur les chandails des petites filles. Le tout est saupoudré de paillettes, agrémenté ici et là de mégots et de bouteilles de mini bar.

Mais sous la pudeur de cet artisanat typiquement féminin, sous de sages apparences, germent des scénarios pour adultes. «I’m So Glad You Found Me» est un plongeon dans l’intimité d’une femme électrisée par l’érotisme. Tantôt attachée ou à quatre pattes, tantôt en pleine séance de plaisir solitaire, elle s’offre aux regards dans des postures dévoilant fièrement son sexe qui, tel un fruit mûr, attend impatiemment d’être cueilli.
Soumise? Peut-être. Mais seulement pour le plaisir du jeu et seulement si elle en a envie. Pour troubler le spectateur, Lamia Ziadé fait appel aux associations d’idées. Celles-ci composent des images dont l’esprit de celui qui regarde est partiellement l’auteur. Stilletos rouges + pot de Vaseline + posture animale + main masculine… Red Shoes, Blue Song se passe de commentaires approfondis.

Non contentes de générer des idées indécentes, les œuvres, toujours par le biais des fameuses associations, déposent dans l’esprit le souvenir d’odeurs spécifique. Time Out suggère les effluves d’une métropole surchauffée qui par une nuit d’été se glisse par la fenêtre. Flowers & Luckies fleure le parfum lourd et étouffant des tulipes. Whisky Bar dégage un fumet de tabac mêlé aux émanations d’alcool et de sueur.

Et plus généralement, il règne sur l’ensemble de l’exposition un arôme capiteux de chair gonflée, chaude et humide. C’est prodigieusement déroutant, provocant, quasiment scandaleux. La femme est ici une déesse de sensualité, outrageusement sexuelle et sans complexes. Comme les collages dont la technique contraste avec le contenu, elle assume ses paradoxes et ses envies changeantes. Sans mises en scène ridicules, sans relents de féminisme revendicatif, Lamia Ziadé réussit là où d’autres échouent: figurer des fantasmes féminins avec justesse et sans stéréotypes.

Lamia Ziadé :
— Red Shoes Blue Song, 2006. Techniques mixtes.
— Time Out, 2006. Techniques mixtes.
— Untitled, 2006. Techniques mixtes.
— Velvet, 2006. Techniques mixtes.
— Untitled, 2006. Techniques mixtes.
— La Vie reprend son cours, 2006. Dessin et collage.
— Tout se passe dans un endroit précis de la ville dans un appartement les murs sont uniformément peints avec de la laque jaune, 2006. Dessin et collage.
— Ils me trouvent belle, 2006. Dessin et collage.
— Renonçant à appréhender, 2006. Dessin et collage.
— I Hate New York, 2006. Dessin et collage.
— Transatlantique, 2006. Dessin et collage.
— Et que la ville elle-même vibre d’une tonalité différente, 2006. Dessin et collage.
— Lucky, 2006. Techniques mixtes.
— Whisky Bar, 2006. Techniques mixtes.
— Sans titre, 2006. Techniques mixtes.

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