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Il maestro

12 Mar - 07 Mai 2016
Vernissage le 12 Mar 2016

Lors de ses visites au musée, Vasco Ascolini photographie les statues antiques, qu’il recouvre d‘une nuit photogénique. Avec sa série de photos en noir et blanc, basées sur la pratique du contre-jour, il insuffle la vie aux plâtres, aux bronzes et aux marbres pétrifiés.

La marque distinctive du style de Vasco Ascolini est le «noir et le sombre» dans une image qui refuse catégoriquement l’emploi de la couleur. Depuis le milieu des années 1980, le marbre, au sens large, devient son centre d’intérêt. Il photographie dès lors les volumes architecturaux, les colonnes, statues et pièces de musée.
Dans l’exposition «Il maestro», Vasco Ascolini fait vibrer l’immobilisme ancestral de la matière qui, pétrifiée dans sa forme rigide, semble alors s’élancer dans la nuit photogénique. Il applique dans ses photos un principe de réduction, où l’œuvre photographiée s’enrichit par la confection d’une muséographie singulière. Pour le photographe, la visite au musée est l’occasion de redistribuer la lumière afin de ne retenir des œuvres exposées que la tournure théâtrale que son imagination leur prête. Les statues semblent alors converser, s’aimer, se menacer ou même s’invectiver. Des cadrages insolites associés à une savante maîtrise de l’éclairage ravivent la langue morte des antiques, réincarnent les plâtres, les bronzes et la pierre immobiles.

Sous le regard du Maestro, les musées semblent voués à la métamorphose. Une photographie prise au musée d’Orsay, par exemple, développe cette impression de vie qui émerge : dans une salle à peine éclairée par une baie vitrée donnant sur la rue, une statue entoure de ses bras une cruche comme si elle voulait la protéger du regard espion d’un passant qui glisse sa tête entre les grilles. Ou encore, dans le grand escalier du Palazzo Ducale de Mantoue, un groupe de statues délivrées de leur blancheur de pierre, découvre une scène de menaces et de supplications. Au Palazzo Canossa de la même ville, un ange extirpé de son sommeil de marbre par un rayon de soleil se trouve dans la situation d’interpeller une autre statue qui lui fait vis-à-vis.

Le culte du contre-jour que l’on retrouve dans cette série de photos n’est pas qu’un opérateur d’illusions, il est avant tout un principe d’apparition de l’image, une pratique d’admiration. Par son pouvoir d’isoler une forme architecturale, sculpturale ou humaine au sortir de la nuit, et de leur conférer ainsi une allure essentielle, Vasco Ascolini nimbe ses photos d’une profondeur métaphysique. La ligne d’une colonne, la contorsion d’un visage ou la courbure d’un buste de plâtre évoluent comme des signes lumineux dans les ténèbres, profilant de façon insolite et merveilleuse, une brèche entre l’être et le néant.

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