ART | EXPO

Icicles and Arctic T.V.s

07 Avr - 15 Mai 2006
Vernissage le 06 Avr 2006

Les dessins et les peintures sur verre de Jason Glasser donnent à voir une nature démesurée, désertée par la présence humaine. L’Antarctique, sujet de l’exposition, devient prétexte à l’abstraction.

Jason Glasser
Icicles and Arctic T.V.s

[…] Les dessins et les peintures sur verre de Jason Glasser dépeignent un univers quasiment déserté par la présence humaine si ce n’est que par l’entremise d’éléments comme ce bateau de pêche venant heurter le bord d’un iceberg et fonctionnant avant tout dans la composition picturale comme indice de la démesure naturelle et a fortiori de la petitesse humaine.

Artiste américain ayant fait ses études à New York, Jason Glasser a été influencé comme tous ses prédécesseurs par son environnement proche, la nature US et si cette dernière est très présente dans ses dessins c’est peut-être parce que, comme les voitures américaines, elle est plus gigantesque, plus massive.
L’art de Glasser se rattache à des Georges 0’Keefe ou à des Arthur Dove qui ont avant lui réalisé de nombreuses illustrations de la nature américaine avec une tendance à abstractiser le paysage. Mais son art ne se réduit pas à une réévaluation du thème de la nature qui pourrait expliquer son classement en tant qu’artiste «vert». Glasser se nourrit de la rue, des voitures, des avions, des toits, des stations services et des cactus avec une espèce de boulimie enfantine pour tout ce qui compose le spectacle de l’Amérique, nature et ville mélangées, son incroyable richesse, sa densité extrême.

En fait, plus que la nature, c’est l’entour qui le préoccupe et l’inspire avec une sorte d’indifférence pour le sujet, à la manière d’un Petibon dont il s’avère être un émule. A la différence de ce dernier cependant, on ne trouve pas chez Glasser de thématique préférentielle comme le surf qui renverrait à une espèce de way of life, un dessin «ethnicisé» en somme. Les expositions de Glasser sont généralement ordonnées autour d’un motif diffus, réaliste ou magique, qui infuse à travers l’ensemble des pièces: à chaque fois, il s’agit d’installer un paysage particulier, de construire une «ambiance».

De fait, l’exposition en cours est doublement ambigüe: unifiée autour de ce qui peut apparaître de prime abord comme un «sujet», à savoir l’Antarctique, on s’aperçoit que ce qui est en jeu ici, c’est la possibilité donnée au dessin de s’évader lentement de l’illustration pour conquérir un certain territoire de l’abstraction. Glasser s’empare d’une figuration datée (celle des cahiers de géographie US des années 50) pour en dépasser le contenu idéologique et n’en garder que la technique formelle. Mais la technique n’est pas neutre et elle renvoie aussi à cette américanité profonde d’où s’exprime l’art de Glasser.
[…]
Patrice Joly

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Natalia Grigorieva sur cette exposition

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