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I No Longer Love The Colour Of Your Sweaters



C’est la première fois qu’Anne Neukamp investit seule l’espace de la galerie. Son travail avait déjà été montré il y a un an dans «4 artistes», une exposition collective qui s’interrogeait sur l’émergence d’une nouvelle scène minimaliste. Avec «I No Longer Love The Colour Of Your Sweaters», Anne Neukamp explore les mêmes plates-bandes, la collusion entre la représentation du réel et l’organisation systémique du tableau.

 

Et de réel, il s’agit avant tout de paysage. Anne Neukamp montre des palmiers, des montagnes, des ciels d’hiver brumeux, des lumières de crépuscule, de vagues silhouettes organiques, fleurs et nuages confondus. Peut-être une résurgence de la tradition picturale allemande, de Friedrich en remontant jusqu’à Dürer (ce même Dürer qui situait le «Kunst», le terme qui définit à la fois l’Art et la Connaissance, enfoui dans la nature).

 

Peut-être aussi la volonté de faire du paysage une balise d’orientation, un socle de lecture avant d’orchestrer son effacement progressif. Car le processus de récupération de l’image, de relégation puis de digestion est le cœur même du dispositif de la jeune artiste.

Le paysage est accompagné de formes géométriques qui vont, en se joignant ou en se superposant, brouiller son aspect, effacer ses signes et le réduire lui-même à une unité géométrique. A force de passages de peinture, Anne Neukamp opère une «dé-chromatisation» de ses sujets, les laissant ainsi flotter dans des tons pastels, dans des couleurs vidées de leur contenance. Un préalable à la mélancolie qui gagne chacune de ses réalisations.

 

Anne Neukamp laisse son travail en chantier, comme si une nouvelle séquence de recouvrement de la toile était envisageable. Comme si cette mélancolie propre à ses surfaces évanescentes viraient vers l’ironie. La résolution décidée de ne pas finir le tableau, la volonté de produire des toiles atones presque autant en retrait que la peinture elle-même, la confirmation de la vacuité du sempiternel débat opposant figuration et abstraction. Tout cela indique clairement le positionnement d’Anne Neukamp pour une peinture décomplexée qui a fait de la simplicité, de l’humilité, de la pratique du low une véritable force.

 




Anne Neukamp

— Auf Links, 2008. Détrempe à l’œuf et peinture à l’huile sur toile. 180 x 140 cm
— Fandango, 2008. Détrempe à l’œuf et peinture à l’huile sur toile. 190 x 160 cm
— Sans titre, 2008. Détrempe à l’œuf et peinture à l’huile sur toile. 47 x 32 cm
— Sans titre, 2008. Détrempe à l’œuf et peinture à l’huile sur toile. 80 x 70 cm