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Hyperfocal

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

Cinq jeunes artistes travaillant à Los Angeles. Rassemblés autour de la notion d’ « hyperfocal » (la plus petite distance à laquelle un appareil photo donne l’image nette d’un objet), ils expriment leur rapport à cette mégalopole insaisissable, toujours fuyante…

De retour d’une résidence universitaire à Los Angeles, le critique et historien d’art Alain Cueff a conçu cette exposition pour montrer de jeunes artistes qui l’ont enthousiasmé lors de ce séjour. Ils ont tous la trentaine et sont présentés pour la première fois en France et, pour certains, en Europe.

Alain Cueff les réunit sous la notion d’« hyperfocal », c’est-à-dire la plus petite distance à laquelle un appareil photographique, mis au point sur l’infini, donne l’image nette d’un objet. Ainsi, il exprime le rapport établi par ces artistes avec Los Angeles, mégalopole insaisissable, toujours fuyante. Ils ont chacun leur relation à l’image de la ville, s’appuyant sur des expériences et des points de vues personnels.

Michael Queenland joue sur les contretemps et la cristallisation de moments fugaces. Dans la série de Polaroids noir et blanc Traps, Escapes, Entropic Rehearsals, etc., il fige des instants éphémères, comme le fil d’une araignée ou un lézard tapi au fond d’une boîte. Une suite qui évoque un espace sans temporalité où des flashs affleurent à l’esprit, comme sortis de la mémoire. Candle Piece rejoint ce travail de distorsion temporelle, où la bougie allumée repose sur un bougeoir relié à une prise électrique.

Les clichés de Brandon Lattu tentent de saisir l’insaisissable dans le paysage nocturne des rues de Los Angeles. Pour ce faire, l’artiste a photographié les enseignes lumineuses de Miracle Mile et a recomposé le paysage par ordinateur, en laissant seulement apparaître les néons sur fond noir. Il compose ainsi cinq panneaux, reproduisant la configuration exacte des lieux mais en changeant les points de vues, où les enseignes, dans une transparence artificielle qui nie les réalités architecturales, aplatissent le paysage urbain.

Déconstruction et reconstruction sont également au programme du travail vidéo de Paul Sietsema. Il filme en 16 mm des objets ou des espaces intérieurs qu’il a scrupuleusement reconstruits sous forme de maquette, comme une sauterelle, l’appartement de Clement Greenberg ou un salon de l’hôtel de Soubise. L’œil de la caméra scrute ces formes, joue avec l’espace. L’artiste explique son travail comme une proposition d’exploration de nos modes de perception, nos façons de construire des structures à partir d’informations visuelles actuelles ou plus anciennes.

On quitte cet univers artificiel pour s’immerger dans le paysage urbain de Los Angeles filmé par Erika Vogt. Le traitement est réaliste, sans artifice, mais les plans fixes et l’absence de personnages nous tiennent à distance. Trois vidéos, composées de courtes séquences où la caméra reste immobile, font se déployer l’espace dans le temps. Les plans, dans lesquels il ne se passe rien, se succèdent et créent un nouvel espace temporel ouvert à la narration.

A l’étage de la galerie, on retrouvera d’autres travaux de ces artistes ainsi que deux œuvres de Lisa Lapinski, une artiste qui joue sur la confusion des symboles. Désirant ouvrir et multiplier les interprétations, elle définit l’art comme un « terrain de jeux pour une multitude de points de vue et de directions totalement ouvertes ». Tout un programme qui reflète bien le parti pris de cette exposition centrée sur l’exploration d’un territoire dans sa relation à l’artiste qui l’investit.

Lisa Lapinski :
— Mimpy Mimp #2 (Aztec Register), 2004. Papier peint, adhésif, peinture, tirage, céramique, sérigraphie sur toile, tissu et bois. 94 x 114.5 x 71 cm.
— Sans titre2004. Sérigraphie sur papier. 45,7 x 61 cm.

Brandon Lattu :
— Miracle Mile Looking East, 2000-2004. Tirages jet d’encre. 109 x 119,5 cm.
— Sand, Point Dume, Malibu, California, 2001.Tirage jet d’encre, 56 x 66 cm.
— Denim, Levi’s 501 Unwashed, Made in U.S.A, 2003. Tirage jet d’encre. 56 x 66 cm.

Michael Queenland :
— Candle Piece, 2004. Boîte en bois, plastique, chandelier, fil et prise électriques, bougie. Boîte : 84 x 117 x 81,5 cm.
— Fly Aloof Flaubert, 2004. Table de récupération en bois, plâtre, polystyrène expansé, baguettes en bois, contre-plaqué. 122 x 122 x 122 cm.
— Traps, Escapes, Entropic Rehearsals, Blackholes, Impoverished Magic and other Ephemerality: #1-18, 2004. 18 photos. 28 x 35,5 cm (chaque).

Paul Sietsema :
— Empire, 2002. Film 16mm couleur, muet avec projecteur 16mm modifié. 24″.
— Rococo Film Still, 2002. C-print. 36 x 48 cm.
— Black Grasshopper, 2001. C-print. 55 x 90 cm.
— Large Orange Room, 2001. C-print. 40 x 60 cm.
— Sans titre, dessin du film Empire(Chandelier #2), 2001. Crayon et scotch sur papier. 47 x 33 cm.
— Sans titre, Grasshopper #2, 2001. Feutre, crayon et scotch sur papier. 28,5 x 23 cm.
— S ans titre, Grasshopper #1, 2001. Feutre, crayon et scotch sur papier. 28,5 x 26 cm.
— L’Oeil de l’insecte, 2003. Photo découpée et scotch. 45,7 x 27,9 cm.

Erika Vogt :
— Number Portrait 1, 2004. C-Print. 40,5 x 51 cm.
— Number Portrait 2, 2004. C-Print. 40,5 x 51 cm.
— Number Portrait 3, 2004. C-Print. 40,5 x 51 cm.
— Number Portrait 4, 2004. C-Print. 40,5 x 51 cm.
— Number Portrait 5, 2004. C-Print. 40,5 x 51 cm.
— Number Portrait 6, 2004. C-Print. 40,5 x 51 cm.
— Architecture of Riot, 2002. Projection, DVD. 15″.
— Outline for a Video, Model for a Town, 20. Projection, DVD. 15″.
— L.A. Train Film, 2003. Projection, DVD. 15″.

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