ART | EXPO

Humidor

09 Sep - 29 Oct 2016
Vernissage le 09 Sep 2016

L’exposition « Humidor » présente l’œuvre de Liz Magor à la galerie parisienne Marcelle Alix. Les sculptures de l’artiste canadienne prolongent l’existence des objets du quotidien mis au rebut. Elles nous invitent à dépasser les catégories binaires qui régissent notre vision du monde.

L’exposition « Humidor » propose de découvrir à la galerie Marcelle Alix de Paris le travail de l’artiste canadienne Liz Magor. Essentiellement des sculptures mais aussi quelques photographies dessinent les contours d’un univers apaisé, comme à l’écart du temps.

Le carton devient pierre, l’artificiel se fond dans le naturel

Des objets aux détails familiers parsèment la galerie. Ces œuvres récentes de Liz Magor relèvent du même processus : des boîtes en carton sont recouvertes d’un mélange de gypse polymérisé et de pigment coloré, jusqu’à être pétrifiés. Les cartons, bases des sculptures, finissent par disparaître complètement, leur surface étant remplacée par une étendue quasi minérale. Ils demeurent en tant que moules, conférant aux sculptures leur forme particulière. Ces cartons, de tailles et de formes variables, deviennent ensuite des supports pour divers objets également issus de la vie quotidienne. Dans l’œuvre Buckle, un long carton vertical est surmonté d’un fauve en peluche, dans celle intitulée Felt Family, à mi-hauteur du carton, sur un pli de celui-ci formant un rebord, sont posés pêle-mêle des accessoires pour cheveux et des jouets en laine répartis dans des sachets en plastique.

Des objets en retrait de la vie

Les sculptures de Liz Magor reflètent un respect pour les objets que supportent les socles de carton : souvent intégrés à la création sans être manipulés, laissés dans leur état, ils sont les acteurs de l’œuvre autant que l’artiste. Loin de se placer en tant que créatrice omnipotente, celle-ci préfère laisser s’exprimer les formes et les objets. C’est alors le pouvoir d’évocation et de narration de ces mille et uns éléments de la vie courante qui agit. Ainsi s’établit le lien affectif entre eux et nous, permises par leur nature même d’objets de réconfort : peluches mais aussi emballages de barres chocolatées, accessoires de beauté…

Attirantes par les moments de douceur qu’elles suggèrent, les sculptures ont aussi une apparence plus angoissante de vanités. Elles sont des natures mortes constituées des choses insignifiantes qui émaillent nos existences. Mais cet aspect mortifère est transcendé par la sensation d’apaisement qui s’en dégage. Ainsi exposés sur leur carton faisant office de socle et minutieusement glissés dans des sachets plastique qui les protègent, les objets ont la sérénité de ce qui a dépassé son temps d’usage. Comme en retrait du flux de la vie mais pourtant toujours présents, palpables, ils sont paisibles. Le lien affectif qui les lie encore à nous les maintient dans le présent. A travers les sculptures de Liz Magor s’exprime un regard original porté sur les divisions tranchées que l’on établit habituellement entre la vie et la mort, l’artificiel et le naturel, le vétuste et le neuf…

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