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Hreinn Fridfinnsson

PMaxence Alcalde
@12 Jan 2008

Symétrie, reflet, transparence, simulacre : autant de figures qui parcourent une œuvre plus fondamentalement marquée par une tentative impossible de capturer l’horizon géographique.

C’est au milieu des années soixante que l’artiste islandais Hreinn Fridfinnsson co-fonde le groupe d’avant-garde SUM qui aura une influence considérable dans le développement de l’art à Reykjavik. Toujours en quête de nouveauté et de remise en question de sa pratique, Fridfinnsson émigre à Amsterdam au début des années soixante-dix, d’où il poursuivra ses travaux.

Il réussit à unir lyrisme et art conceptuel à travers des médiums aussi variés que la photographie, le texte, la sculpture, etc., qu’il convoque et combine. S’affranchissant des carcans stylistiques, il élabore une œuvre proprement polymorphe dont l’exposition à la galerie Papillon-Fiat offre une vision synthétique assez fidèle, bien qu’elle se limite aux travaux récents.

Une volonté de symétrie parcourt l’œuvre de Fridfinnsson. Cette symétrie est réalisée le plus simplement possible par le doublement de l’objet par lui-même : dans Unstable Orange Symmetry deux petites balles de caoutchouc orange se font face sur un présentoir.

Quand intervient l’objet-simulacre, tout se brouille. L’objet-simulacre de la symétrie, c’est avant tout le miroir qui renvoie une image inversée — mais néanmoins fidèle — du même. Pour mettre à mal nos habitudes visuelles, l’artiste place des vases de verre tronqués sur des miroirs en acier poli (Swimmer, 2002). L’impression est saisissante : nos repères se brouillent face au double jeu du reflet et de la transparence. Les vases sont comme disposés à la surface d’une mare limpide qui en engloutirait une partie.

Hreinn Fridfinnsson propose le même dispositif — vase en verre et miroir en acier poli — pour simuler un re-make vaporeux de la colonne sans fin de Brancusi (Diver, 2002). Ce n’est plus à nos habitudes sensorielles qu’il fait référence, mais à notre culture artistique.

Jeu d’illusion encore avec une photographie de Marseille Project (triptyque). Une voie ferrée est photographiée à partir d’une fenêtre : les trains ne sont pas sur les rails mais directement dessinés sur la vitre. Le trompe-l’œil photographique fonctionne si bien que l’étrangeté de l’image empêche de démasquer immédiatement la supercherie…

Symétrie, reflet, transparence, simulacre… sont autant de figures qui parcourent l’œuvre de Hreinn Fridfinnsson qui, plus fondamentalement, révèle une tentative impossible de capturer l’horizon géographique. Les questions de paysage, qui ont toujours hanté cette œuvre, resurgissent ici au travers de la quête de la seule ligne que notre regard n’atteindra jamais.

Hreinn Fridfinnsson :
Salle 1
— Diver, 2002. Acier poli ,verre.
— Japanese Souvenirs. Bois et objets.
— Installation With Meduses. Plaque en acier poli et objets en verre et nylon coloré.
— Seven Drops, 2003. Perles de verre.
— Unstable Orange Symmetry. Bois et deux balles caoutchouc (unicat).
— Rounding the Corner, 2001. Verre.
— White Sculpture, 2003. Cube en bois et objets.
— Portrait Of the Artist Who Is Going To Exhibit, 2003. Photo sur aluminium.

Salle 2
— Swimmers, 2002. Acier poli, 2 formes en verre.
— Swimmer, 2002. Acier poli, 1 forme en verre.
— A View Through A, 1977. Photo.
— Marseille Project. Photo.
— Beautiful. Bois et verre.
— Black Sculpture. Cube en bois et objets.
— Worried (Lost Vampire). Bois et objet.

Bureau
— Marseille Project. Triptyque : photos.

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