ART | EXPO

How to lie

14 Mar - 16 Mai 2009
Vernissage le 14 Mar 2009 à partir de 16:00

Les objets de Lionel Estève rejoignent d’autres imaginaires, notamment scientifiques : des modèles d’atomes ou des typologies en botanique. L’artiste perçoit ses oeuvres comme mentales, propres à aérer l’esprit du visiteur.

Lionel Estève
How to lie

Galerie Emmanuel Perrotin – 10 impasse Saint-Claude
Lionel Estève – « How to lie », c’est comme proposer d’apprendre quelque chose. J’aime bien les méthodes : comment arrêter de fumer, etc. Mentir, tout le monde sait faire. Il y a là une part d’imaginaire et de réalité qui est en adéquation avec mon travail.

Denis Gielen – Les objets que tu produis par ton imagination rejoignent d’autres imaginaires, notamment scientifiques : des modèles d’atomes ou des typologies en botanique comme tes pistils…

Lionel Estève – Mes oeuvres, je les perçois comme mentales. J’espère qu’elles vivent de la même manière dans la tête du public. Je n’attends pas qu’il comprenne, mais que ça lui aère l’esprit. Prenons mes filets, parmi mes oeuvres les plus scientifiques. Ce fut un réel casse-tête d’organiser une ligne qui ne repasse jamais deux fois par le même point.

Cela est parti d’une question : comment fonctionne cet objet remarquable ? Sans croquis, comme un jeu d’échecs, je tente de comprendre. J’essaie un chemin ; bloqué, je recommence. Puis, à nouveau, bloqué. Ça devient obsédant. Pourtant, un filet, c’est bête comme tout, on en voit tout le temps. Passe un été.

Je mets des ballons dans des filets, pour m’appuyer sur leur forme circulaire. Et, à Belle-Île, un monsieur me montre comment réparer des filets. Dès lors, j’ai les outils, je sais faire les noeuds. Et je commence à expérimenter des formes, grandes mailles, volumes, etc.

Denis Gielen – Les matériaux, tu ne les forces pas, une feuille translucide, tu essaies d’abord de faire passer de la lumière dedans… J’ai l’impression que ton travail revient à trouver la bonne configuration pour que ces éléments apparaissent au plus près d’eux-mêmes, comme ces pierres que tu ramasses en Provence. Il y a la question du regard, l’oeuvre de la nature, puis la question de l’artiste : comment produire un artefact pour que la pierre cesse d’être un produit de la nature sans en altérer la matière ?

Lionel Estève – Je cherche à maintenir un lien direct entre une pensée et sa réalisation. Par rapport aux moyens mis en oeuvre, être à la fois low-tech, c’est-à-dire réaliser des choses que je puisse maîtriser du début à la fin, en étant le plus simple et le plus direct possible. C’est pour cela que je réalise mes oeuvres en globalité.

Denis Gielen – Pour « How to lie », tu évoquais une exposition collective mais d’une seule personne…

Lionel Estève
– Depuis le début, je travaille par « projets », non reliés à une continuité de discours, mais comme des entités déconnectées. Je définis telle oeuvre, telle exposition, comme un tout par rapport à un environnement, un contexte, mes envies. Cela m’offre une grande liberté de propos, de matière, d’attitude. Je ne m’interdis rien, j’ai même fait une exposition de peinture, c’est dire !

Là, pour la première fois, je me suis interrogé sur le lien de ces objets les uns par rapport aux autres. En théorie, ils n’ont rien en commun – ils n’ont pas été conçus comme tels –, mais dans les faits, finalement, si. Et je me suis posé la question de l’authenticité. Faire une exposition en présentant mon travail sous ses différentes facettes qui ne soit pas une rétrospective puisqu’il s’agit d’oeuvres nouvelles. S’agit-il dès lors d’une exposition personnelle ou collective ?

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