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Hors cadre

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@12 Jan 2008

L’exposition Hors cadre regroupe 150 photos prises pendant une quinzaine d’années dans les Galeries du Grand Palais. Où l’on découvre ce qui est ordinairement inaccessible aux simples visiteurs de musées ; où l’on questionne notre perception, notre approche de l’art, et notre rapport aux lieux d’art et de culture.

Baladant son regard dans les musées, Gérard Rondeau nous donne à voir ce que nous ne pouvons ou ne savons regarder. En noir et blanc, il nous montre l’art et son monde sous un jour nouveau, éclairant.

Depuis quinze ans, à la demande de la Direction des musées de France et de la Réunion des musées nationaux, Gérard Rondeau photographie régulièrement des musées et des expositions temporaires. L’exposition «Hors cadre», qui regroupe 150 photographies, prises pour la plupart dans les Galeries nationales du Grand Palais, nous fait découvrir la partie immergée de l’iceberg muséal. Le regard subtilement décentré, décadré de Rondeau nous montre ce que notre œil ne saurait voir, en tant que simple visiteur de musée.

Car avant d’être posée là devant soi, l’œuvre d’art a fait un long voyage, et dans le temps et dans l’espace. Déplacée, réfugiée dans la forteresse muséale, la voilà avant son entrée en scène, dans les coulisses de l’Art. L’œuvre, qui s’apprête à devenir le point de convergence figé de tant de regards, se fait alors spectatrice. Attendant son heure (de gloire), elle observe avant d’être observée, au beau milieu d’un désordre et d’une agitation qui contrastent avec l’extrême minutie employée par ses manipulateurs.
La main constitue d’ailleurs un élément récurrent de l’exposition. La main de l’homme qui conçoit l’art, et le pérennise au sein du musée. Une manière de rendre hommage aux ouvriers de l’art et de saluer la simple beauté du geste.

Sans cynisme, (au plus pourrait-on y voir un soupçon de provocation ?) Gérard Rondeau s’amuse à montrer l’œuvre d’art sous d’autres angles, le but de la manœuvre n’étant pas d’en donner une vision parfaite, ou révélant toute sa perfection, mais de montrer ce qui se passe autour d’elle, en dehors du cadre classique. Lorsque l’œuvre n’est pas montrée de dos ou mise en pièces, un tas d’éléments (une forêt d’escabeaux, une foule anonyme, un emballage, etc.) viennent parasiter le champ de vision, entre l’œil du spectateur et l’œuvre photographiée. L’identification de l’œuvre elle-même (l’œuvre dans l’œuvre), aussi mythique soit-elle, s’en voit alors quelque peu troublée.

La démarche de Rondeau n’est pas sans rappeler celle de l’artiste américaine Louise Lawler, connue pour ses photographies d’œuvres d’art jouant du décalage, du «situationnisme» artistique. On pense aussi à la série «Audience», réalisée par le photographe allemand Thomas Struth, où l’on voit, de face, des dizaines de visiteurs de musée scruter une Å“uvre qui apparaît hors champ. A vrai dire, il s’agit de figurants, les vrais visiteurs ne pouvant pas rester assez longtemps pour la prise de vue…

En proposant un certain regard sur l’art et ses temples à travers la photographie, Gérard Rondeau questionne à la fois notre perception, notre approche de l’art, et nous invite à repenser les lieux d’art et de culture comme des lieux de vie et de magie.

Gérard Rondeau
— Hors Cadre. Photographies.

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