ART | EXPO

Hommage à Alexander Calder

20 Avr - 27 Oct 2013
Vernissage le 19 Avr 2013

Pour marquer la fin de la rénovation des façades du musée, Arne Quinze en pare l’esplanade d’une œuvre monumentale d’environ 70 mètres de long et 12 mètres de haut, composée de chevrons de bois assemblés en nuages et reposant sur des plots en béton. Il investit également une salle du musée où dialogue architecture et installation.

Arne Quinze
Hommage à Alexander Calder

La rénovation des façades du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain a nécessité un chantier de plusieurs années. Afin de mettre à l’honneur cet évènement, Gilbert Perlein, directeur du musée, a souhaité faire appel à un artiste de renommée internationale, l’artiste belge Arne Quinze.

Tels des musées à ciel ouvert, ses installations investissent le paysage urbain et s’offrent aux regards des passants curieux. De ses premiers graphes, du début des années 1990, à ces récentes structures publiques au format colossal, Quinze a rapidement ressenti le besoin d’investir l’espace public. L’armature éphémère imaginée au MAMAC s’inscrit en droite ligne des projets monumentaux réalisés ces dernières années: Structured Chaos, Rio de Janeiro, Brésil, 2012; Rock Strangers, Ostend, Belgique, 2012; Red Beacon, Shanghai, Chine, 2010; ou encore Camille, Rouen, France, 2010.

La sculpture nommée Hommage à Alexander Calder est composée d’une multitude de planches en bois naturel, parfois teintées d’orange électrique ou de blanc, se développant sur plus de 70 mètres de long et 12 mètres de haut. Mises bout à bout, elles s’étendent sur plus de 20 kilomètres. Croquis, dessins techniques et maquettes préparatoires constituent la base de ses travaux monumentaux.

L’installation de l’ensemble qui a lieu du 8 au 19 avril 2013 est filmée pas à pas. Cette documentation «Work in progress» visible sur le site Internet de l’artiste, participe au mode d’appropriation de la part du public. L’installation établit un dialogue entre la ville, l’architecture du musée et le public. La conception est aussi importante que l’œuvre finale laquelle sera visible jusqu’au 27 octobre 2013.

L’écologie est une notion fondamentale dans le travail de l’artiste qui nous invite à adopter une attitude humble face à la nature. Il met un point d’honneur à utiliser uniquement du bois possédant l’écolabel EFC garantissant la gestion durable des forêts. Le caractère cinétique et organique d’une telle sculpture la rend vivante et nous rappelle que l’on se sent parfois infiniment petit face à la puissance de la nature. Malgré la volonté de l’homme à vouloir la maîtriser, celle-ci prendrait toujours le dessus.

L’installation conquière à la fois l’espace urbain, la structure muséale ainsi que celui qui la regarde. L’invasion commence dès l’esplanade Niki de Saint Phalle (entre le musée et le théâtre) jusqu’aux façades, de l’intérieur de la place Yves Klein jusqu’au cœur du musée au niveau du troisième étage; la salle de 400m² appartient progressivement à la sculpture dévorante.

L’œuvre nous donne l’impression constante d’être en mouvement: elle paraît vouloir indiquer au visiteur venant du Vieux-Nice le parcours à suivre afin de découvrir tant son évolution que l’institution muséale elle-même. Les passerelles vitrées du musée donnent l’occasion au spectateur d’observer la structure en jouant sur les liens extérieur/intérieur, dedans/dehors. S’emparant du bâtiment jusqu’à appropriation, l’œuvre ne fait plus qu’un avec le musée.

La multiplicité des planches de bois qui s’entremêlent et dont on ne parvient plus à distinguer un élément en particulier, nous renvoie à notre position en tant qu’individu perdu dans l’immensité du monde. Pour l’artiste, chaque chevron correspond à un visiteur potentiel.

Une analyse de la condition humaine autour des dualités fragilité/force, immuable/éphémère, ainsi que la notion de résilience transparaissent dans les travaux d’Arne Quinze. En effet, si l’homme est un être fragile, il possède également la faculté de pouvoir se dépasser dans l’adversité. De même, les fines «branches» de l’armature à l’aspect si frêle semblent pouvoir s’animer d’un moment à l’autre au moindre souffle de vent tels des Mikados®. Cependant, une fondation composée de dix socles en béton donne à l’ensemble un côté indéfectible et engage le visiteur à s’y abriter.

Le titre, Hommage à Alexander Calder, est sans équivoque: l’installation se situe entre stabilité et mobilité, à l’image de la sculpture voisine Stabile-Mobile, en métal peint (Alexander Calder, 1970) au niveau de l’esplanade. Si un être humain peut être assimilé à une de ces multiples branches, l’artiste crée de ce fait une cohésion sociale dans une société basée de manière de plus en plus affirmée sur l’individualisme. Ici, il rassemble et produit le lien entre les visiteurs à l’image de ces branches qui s’enchevêtrent formant une œuvre commune.

Une installation artistique dans l’espace public est le meilleur moyen de toucher le plus grand nombre. Elle inspire l’idée de liberté dans son mouvement et dans son existence éphémère: si elle n’est à personne, elle appartient à tout individu qui prend le temps de la regarder. La sculpture monumentale donnée à voir au MAMAC permet de renouveler le regard sur l’institution muséale accentué par son côté fugace et temporaire: l’œil parfois trop habitué à percevoir un paysage quotidiennement, ne le voit plus. De part cette rencontre avec l’œuvre, Arne Quinze souhaite provoquer une expérience nouvelle et développer des sensations positives chez le visiteur. La démarche de proposer une expérimentation inédite au passant par le simple fait de poser son regard sur une œuvre dans un espace accessible à tous, donne l’occasion à chacun de s’approprier une image du MAMAC à travers sa propre lecture.

Vernissage
Vendredi 19 avril 2013 à 11h

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