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Histoire(s) contemporaine(s)

30 Mai - 18 Juil 2009
Vernissage le 30 Mai 2009

Léa Eouzan s’est attachée à retrouver les camps de concentrations oubliés, abandonnés. Seuls quelques lieux ont été investis du devoir de mémoire, les autres sont devenus presque introuvables. La photographe nous les livre tels qu’ils sont de nos jours, réaménagés, envahis par la nature ou avec une plaque commémorative oubliée... Ces photographies nous replonge dans la question du souvenir dont on avait oublié l’ambiguïté.

Léa Eouzan
Histoire(s) contemporaine(s)

Avec sa série photographique intitulée Histoire(s) contemporaine(s), Léa Eouzan aborde une réflexion sur la Shoah autour des notions telles que la mémoire et sa conservation, le musée et son traitement. Si le point de départ de son travail est la visite de camps de concentration en Pologne, sa recherche s’est étendue à ceux présents sur le sol français, qu’ils soient désormais abandonnés, oubliés voire même transformés.

« Cette réflexion autour de la mémoire et de sa conservation, autour de la notion de musée et de son traitement actuel a ouvert le champ sur les « alentours » de la sphère muséale.
Loin de la médiation officielle, il s’agissait de me rendre sur des lieux inconnus du visiteur d’Auschwitz. Dans les camps satellites notamment, dont il ne reste parfois nulle trace. En ce sens, le cadrage frontal m’apparaît comme un parti pris puissant et juste pour dénoncer ce processus de « normalisation”. Que nous est-il donné à voir?
Par ce refus d’esthétisation, il y a une volonté de renforcer l’idée de passivité du spectateur d’aujourd’hui face aux flux d’ images.

L’amnésie existe aussi en France. La France voudrait oublier. Ses camps d’internement, de regroupement – même s’ils n’ont pas été des camps d’extermination, comme Auschwitz, « seulement » des camps de concentration sont généralement désertés et abandonnés. Parfois, une partie du camp est transformée en promenade de front de mer. Parfois il y a un monument, une plaque, comme une sorte d’ « alibi ». J’ai photographié ces lieux avec beaucoup de difficultés.
Nulle part quelque direction, indication pour s’y rendre.

Laisser un lieu à l’abandon, c’est d’abord commencer par lui voler son identité.
Loin de vouloir recenser tous les camps français, je me suis attachée à ceux voisins de mon lieu de résidence. Je vivais là où cette Histoire avait laissé des traces.
À Lyon, symbole de la Résistance française, les lieux de répression en ternissent l’image officielle, celle retracée dans les manuels scolaires. Je souhaitais rendre compte,
soixante ans plus tard, de leur situation dans des paysages en perpétuelle mutation.

Il ne s’agit pas ici de documenter Monowitz, Chelmek, Jawiszowitz, ou Rivesaltes, de même que dans l’ensemble du projet engagé il y a maintenant deux ans, de présenter un travail de commémoration. Mais plutôt de comprendre les enjeux de ces lieux dans le champ visuel contemporain. Tenter de saisir les manipulations de l’Histoire et sa consommation. »

Léa Eouzan.

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