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Hic et nunc

27 Mai - 12 Juil 2009
Vernissage le 05 Juin 2009

Ici et maintenant, ni avant ni après, l’universel a rendez-vous avec le particulier. Et c’est précisément cette relation qu’explore Charles Lopez, parce que la matière n’est « qu’un langage fait de choses ».

Communiqué de presse
Charles Lopez
Hic et nunc


Hic et Nunc, le paysage nominaliste

La toponymie joue un rôle essentiel dans le travail de Charles Lopez. « Etats des Lieux », avec la vidéo La traversée du Désert (2007), en annonçait déjà le programme.

Ayant trouvé un village sur la carte de France appelé Le Désert, Charles Lopez s’est déplacé, pour la première et seule fois dans sa production artistique, dans le but d’y produire une œuvre. Un petit texte entame cette très courte vidéo. Le loop en fait à la fois le début et l’aboutissement, une traversée linguistique et contemplative.

L’image ne nous donne rien d’autre que ces routes de campagne entourées d’arbres lugubres et de maisons éparses et solitaires. Mais pourquoi cette volonté de faire correspondre le lieu et son toponyme ? Ce désert est un paysage assiégé par sa définition. Celle-ci tend, d’ailleurs, vers le sens du substantif « désert » avec ces « zéro établissements,… ».

Elle rend particulier un nom commun et, paradoxalement, elle fait tendre vers l’universel le nom propre. Dans ce paysage nominal, le monde objectif joue le rôle d’un horizon distant. Du nom au nom, de la définition à la définition, nous sommes dans une méthode de littéralité où nom propre et nom commun se donnent la réplique.

La traversée du Désert 
énonce un programme, celui de ne jamais entrer dans le monde, et de toujours rester dans ses frontières langagières, conceptuelles.

Les œuvres présentées dans « Hic et nunc » apportent des rebondissements à cette aventure, comme Joindre les deux bouts (2009), qui a deux formes d’existence.

Cette expression est le titre d’une sculpture et d’une performance. A nouveau, l’œuvre porte comme titre une expression idiomatique qui, outre une difficulté, suggère formellement un point de départ et un aboutissement, deux extrémités mises en boucle…

La sculpture reproduit la ligne fluorescente d’un des chemins (fournis par des logiciels internautiques tels que mappy.fr ou viamichelin.fr.) entre deux lieux appelés Le Bout du Monde. Etrangement muette, elle ne conserve la trace de cette recherche topographique inouïe que dans le titre.

C’est un parcours très nettement sorti du net, avec sa couleur orange fluo et sa découpe pixelisée. Il n’y a aucun toponyme permettant de nous orienter. Ce chemin s’applique là où il est placé – hic et nunc. Ces lieux qu’il désignera de par sa présence sont en attente de noms, de configurations cartographiques. Quel que soit le lieu où elle est placée, cette sculpture accentuera le vide linguistique d’un parcours.

Une question d’échelle surgit aussi, latente dans toute l’œuvre de Charles Lopez, directement en rapport avec la fiction dans son acception oulipienne. Il s’agit de se contraindre à explorer un labyrinthe créé par soi-même, comme l’enclos nominal de la traversée du Désert.

Ainsi la performance Joindre les deux bouts, un écho de la sculpture, que l’artiste réalise en déambulant parmi le public, est une lecture détachée du parcours tel qu’il est fourni par le logiciel.

« Sortir du Bout du Monde » pour « Arriver au Bout du Monde » sont les moments magiques de cette lecture, étrangement fascinante, déroutante dans sa simplicité.

Ainsi, s’en tenir à ce texte automatique menant d’un bout à l’autre du monde est l’affirmation même d’une esthétique de la littéralité.

Certes, la polysémie guette dans le travail de Charles Lopez. Elle est présente, tout comme la littéralité hante le fantasme proustien du jeu des correspondances entre les noms propres de lieux et leurs merveilles sensorielles.

Observons Kamiyama (2009) (« montagne de papier » en japonais). La montagne est un nom commun qui désigne une formation géologique avec toute une charge symbolique – le lien entre le ciel et la terre, les hommes et les dieux. C’est comme si d’un geste désinvolte quelqu’un avait décidé de jeter des photocopies de montagnes par terre et, sans faire attention, en avait reproduit la forme.

Du substantif nous arrivons à la forme de la montagne en passant par son image, dans un processus de littéralité qui, ici, traverse le matériau, contenu également dans le titre. Fiction est réduction d’échelle, dans un médium modelé par le mot. Le petit peut contenir le grand comme une formule mathématique peut contenir le Big-Bang.

La science se risque parfois dans le territoire de la polysémie ou encore de la fluidité. Force Fictive (2009) est une paire de bottes de caoutchouc remplies d’eau dans lesquelles une petite sphère orange tourne en rond. Dans celle de droite elle tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, et inversement dans celle de gauche.

Cette œuvre est une référence à un phénomène découvert par l’ingénieur français Gaspard-Gustave Coriolis, appelé la Force de Coriolis et qui participe de ce qu’on appelle les « forces fictives ». Cette théorie scientifique embrasse le phénomène de divergence de sens entre l’hémisphère sud et l’hémisphère nord pour les forces centripète ou centrifuge. Dans un des hémisphères de grandes masses d’air ou de liquide tourneront dans le sens des aiguilles d’une montre. De l’autre côté de l’Equateur la même masse tournera en sens inverse.

Non seulement la droite et la gauche, mais la zone d’influence d’un phénomène physique sont marquées. Même si nous ne connaissons pas le phénomène, cette sculpture à nouveau muette affirme le lieu, ses vicissitudes physiques – et le particulier comme étant un moment dans le temps associé à une expérience, là. Le même, le mot, désigne l’unique, la matière incarnée et langagière.. Le titre donne à l’oeuvre un sens déictique.

Dans un évènement que l’artiste propose en guise de clôture à l’exposition, un cadre aux dimensions d’un écran de cinéma accueille au sein du Parc de Rentilly le coucher du soleil (Hic et Nunc, 12 juillet, 20h04 (2009)).

Ici et maintenant, ni avant ni après, l’universel a rendez-vous avec le particulier. Et c’est précisément cette relation qu’explore l’artiste, parce que la matière n’est « qu’un langage fait de choses, Rébus »

Vernissage
Vendredi 5 juin à partir de 19h
Navette au départ de Paris (place du Châtelet) à 18h. Réservation obligatoire au 01 60 35 46 72

Horaires

Visite le mercredi et le samedi de 14h30 à 17h30 le dimanche de 10h30 à 13h et de 14h30 à 17h30. Entrée libre.

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