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Hervé Guibert, l’écriture photographique ou le miroir de soi

L’œuvre d’Hervé Guibert participe au renouvellement du genre autobiographique, il fait partie de ceux qui ont contribué à vulgariser le concept d’autofiction. Cette étude de Jean-Pierre Boulé et Arnaud Genon montre l’évolution du travail de l’écrivain-photographe et propose des analyses éclairantes sur ses clichés souvent troublants.

Information

Présentation
Jean-Pierre Boulé, Arnaud Genon
Hervé Guibert, l’écriture photographique ou le miroir de soi

Cette étude est la première consacrée à l’œuvre d’Hervé Guibert qui mette systématiquement en perspective ses écrits littéraires, ses textes journalistiques et ses photographies. Elle propose des analyses éclairantes sur les clichés souvent troublants de l’écrivain-photographe, et donne à lire une forme inédite d’autoreprésentation, en tension fructueuse entre autofiction et autobiographie.

La démarche chronologique, ponctuée de soixante photographies d’Hervé Guibert, permet de mesurer l’évolution de son travail depuis le roman-photo Suzanne et Louise (1980) jusqu’au film documentaire La Pudeur ou l’Impudeur (1992), en passant par ses derniers autoportraits. Jean-Pierre Boulé et Arnaud Genon livrent ainsi toutes les clés pour apprécier et comprendre son œuvre, dévoilant un Guibert pluriel et homogène.

«A l’époque où Guibert publiait ses articles sur la photographie, il n’y avait, dans Le Monde, aucune photo. Guibert travaillait dans les mêmes conditions que Diderot au XVIIIe siècle et Baudelaire au XIXe siècle dans les salons parisiens: ils rendaient compte d’œuvres que les lecteurs — non Parisiens pour la plupart — ne pouvaient pas voir. D’où les ekphrasis, les remarques générales ou les appels à la biographie. C’est de nos jours encore les conditions pour la critique du cinéma: les critiques ont vu le film, mais ceux à qui ils s’adressent ne l’ont pas vu; d’où des techniques de séduction ou de démolition; de là aussi la chasse au spoiler. Pour Guibert, partir sur les potentialités romanesques d’une photo, c’est à la fois du teasing et le fait de ne pas pouvoir fonder sa critique sur une complicité avec des gens qui ont vu la même image. Ces conditions matérielles sont également une libération pour le critique. Si le lecteur n’a pas visionné les photos, Guibert est plus libre d’imposer son interprétation ou plutôt sa vision.

Pujade décrit ainsi La Photo, inéluctablement: “une somme de lettres à des aveugles, un public privé d’illustrations pour lequel il devait parcourir à rebours le chemin de son écriture personnelle: transformer les photos qu’il avait sous les yeux en fantasmes, en désir de voir”.

Sommaire
— Introduction
— Le théoricien de la photographie: La Photo, inéluctablement et Articles intrépides
— Image et texte: Vice
— Les situations photographiques: Suzanne et Louise
— L’écriture comme expression de la photographie: L’Image fantôme
— La photographie du désir: Le Seul Visage
— Vers une nomenclature des photos de Guibert
— L’écrivain-photographe: trace, absence et autofiction
— Conclusion
— Bibliographie