ART | EXPO

Henrique Oliveira

09 Sep - 09 Oct 2011
Vernissage le 08 Sep 2011

L’artiste brésilien Henrique Oliveira transpose au coeur de Paris la déliquescence dynamique des banlieues de São Paolo, sa ville natale. Que ce soit dans sa peinture, ses sculptures ou ses installations, il parvient à libérer une série de formes, de textures et de couleurs pleines de vie, dont l’aspect organique est à la limite du parasitique.

Henrique Oliveira
Henrique Oliveira

Henrique Oliveira associe la chair même de sa ville natale en utilisant du bois de «tapumes», c’est-à-dire de palissades, à de nombreuses références à l’histoire de l’art et à la science. Lauréat du Premio Marcantonio Vilaça 2010, un prix artistique prestigieux dédié aux jeunes artistes brésiliens, Oliveira expose actuellement au Smithsonian de Washington DC les formes tortueuses qui caractérisent son travail.

Les colonnes tournoyantes d’Oliveira semblent à la fois surgir du sol et plonger du plafond, créant une fusion entre stalagmite et stalactite qui transforme la galerie en grotte vivante. Conçue spécialement pour cet espace, cette installation apparaît tout autant comme un élément d’architecture rococo que comme un arbre de conte de fées. L’artiste suggère que l’oeuvre «renvoie le contreplaqué vers la nature». De manière similaire, il évoque sa toute dernière sculpture en «ronde-bosse» Boxoplasmose, comme «liée à une idée de croissance organique». Animée tel un Bicho articulé de Lygia Clark, cette forme anthropomorphe, bombée, semble déborder de la structure plus ou moins cubique constituant sa base.

En parallèle, Xilempasto 3, haut-relief mural réalisé en lamelles de bois, recrée l’effet visuel de la technique picturale d’empâtement. Selon Oliveira, cette oeuvre «s’immisce dans les interstices entre la peinture et la sculpture». La surface de Xilempasto 3, boursouflée et ondulante prépare le regard aux compositions explosives de ses peintures sur toile. Ici, Oliveira propose quatre tableaux, des oeuvres qui, selon lui, suivent la «logique du collage». «Elles sont réalisées en combinant divers procédés, où la peinture est tantôt versée en filet, goutte à goutte, éclaboussée ou appliquée à la brosse, mais toujours de sorte que le spectateur puisse isoler les différentes techniques employées».

La critique d’art Juliana Monachesi décrit l’appropriation par Oliveira des gestes et des techniques de la peinture abstraite moderne comme un «emprunt rénovateur». L’artiste, quant à lui, compare sa manière de travailler, et tout particulièrement sa pratique de la peinture, à celle d’un DJ: «En échantillonnant les diverses démarches empruntées à l’abstraction informelle du XXe siècle et en les ‘synthétisant’ pour en tirer des ‘figures de l’abstraction’.»

Cette pratique d’échantillonnage rappelle évidemment l’observation faite par Nicolas Bourriaud dans Postproduction: «Ce nouveau paysage culturel [est] marqué par les figures jumelles du DJ et du programmateur, qui ont tous deux pour tâche de sélectionner des objets culturels et de les insérer dans des contextes définis». Mais il est surtout intéressant de voir la profondeur et la subtilité de la sélection opérée par chaque artiste; et celle d’Oliveira comprend très certainement l’avant-garde brésilienne incarnée par Lygia Clark et Hélio Oiticica. À la fois instantanés de ‘favelas’ brésiliennes et évolution cohésive du Color Field Painting, les Penetrables exposés par Oiticica à la Whitechapel Gallery de Londres en 1969 représentaient des environnements vivants au sein d’un microcosme. D’une manière très semblable dans l’oeuvre d’Oliveira, «le geste devient paysage», ou toujours selon lui, «des environnements fluides, de petits univers intégrés à d’autres univers.»

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